17/03/2019

Agression couteau : se défendre contre ?

Agression couteau : se défendre contre ?

Dans de trop nombreuses écoles de self-défense, il est affirmé que la solution à « que faire en cas d'attaque au couteau ? » à été trouvé. Croire que contre les agressions au couteau, il est encore possible de pratiquer des entraînements en statique, face à face et sans aucun mouvement erratique de la personne qui génère l’agression au couteau, puisse être utile est mensongère.

 

Comment est ce encore possible de pouvoir penser qu’au vu de la réalité de la rapidité des mouvements lors d’une agression au couteau, les forces et la peur générés, même quand le couteau est visible, des gestes fins et des clefs puissent être réalisables ?

 

La dure réalité des études médico-légales sur les plaies de défense démontre qu’il est totalement inutile de passer son temps à apprendre dans une salle de sport, des techniques statiques comprenant cinq à six gestes.

La présente étude porte sur des victimes d’homicide et porte sur 193 cas traités pour examen post-mortem médico-légal (5). L'étude a été menée sur une période de deux ans au cours de laquelle 4 680 cas humains post-mortem médico-légaux ont été réalisés. Ce qui pourrait par essence caractériser l’agression au couteau (même si des études vont devoir l’attester), est l’imprévisibilité.

 

Parmi eux 193 étaient des homicides. 54 cas ont montré des blessures de défense. L'interprétation des blessures de défense a été faite après un examen minutieux et complet de toutes les circonstances entourant l'agression et le décès. Tous les cas des victimes d’homicide ont été confirmés par un officier de police chargé de l’enquête, les personnes incriminées ou jugés en tant que tel. Dans cette étude, chaque cas d’homicide présentant une blessure de défense a été examiné afin de déterminer :

  • l’âge ;
  • le sexe de la victime ;
  • le type de blessure ;
  • l’arme utilisée ;
  • la partie du corps impliqué.

Les blessures de défense constatées lors de nombreuses études médico-légales (1) résultent de la réaction comportementale immédiate et instinctive d’une victime. Les blessures de défense lors d’agression au couteau en cas de décès par homicide (4) résultent :

  • du fait de lever le bras pour bloquer l'attaque de l'agresseur
  • de vouloir saisir son arme avec les mains.

Les blessures de défense sont des coupures :

  • aux doigts ;
  • aux mains ;
  • aux avant-bras.

Ces blessures sont la résultante de toutes les réactions instinctives de self-défense ou auto-défense humaines. Les croyants et les croyances populaires n’y changeront rien. Il est possible de voir couramment des blessures sur les paumes et les doigts. La saisie de l'arme de l'attaquant, même si elle est totalement déconseillée par l’ensemble des instructeurs qui se consacrent à la self-défense au couteau, est une réalité comportementale et médico-légale qui provoque généralement des blessures sur les parties palmer des mains. Celles sur le dos de la main ou sur l’avant-bras sont causées par des tentatives de parer les attaques.

Avec des armes tranchantes, les plaies sont des coupures net alors qu’avec les armes contondantes, on peut voir des ecchymoses, une abrasion et des lacérations. Si l'arme saisie par la victime présente deux arêtes vives, des blessures sont présentes sur la paume de la main et sur la paume des doigts (3).

L’agression au couteau par surprise

Bien que la présence de plaies de défense constitue une preuve solide en faveur du temps nécessaire, donc de la possibilité à réagir face à une agression au couteau. L'absence de ces plaies n'exclut pas une agression au couteau avec pour objectif de donner la mort. Avec une agression par surprise, la première blessure grave peut rendre la victime sans défense et supprimer la capacité de celui à exécuter ces gestes de défense.

 

Une attaque dans le dos ne donne pas par contre-pas à la victime la capacité à se défendre. Pas plus qu'une personne sous influence d'alcool, de drogue ou de toute conscience du danger potentiel.

Dans de telles circonstances, les blessures pour se défendre contre le couteau n’apparaissent pas. Que ce soit en appuyant ou en contredisant les preuves médicales, le diagnostic correct de l’homicide est établi avec la déclaration faite par les suspects d’homicides eux-mêmes et les témoins.

 

Les blessures de défense constituent une preuve précieuse pour reconstituer l'incidence fatale des décès par homicide et laissent un mince espoir statistique pour espérer se défendre face à un couteau.

Les agressions au couteau chez l’homme et la femme

Les hommes, sont-ils plus violents que les femmes ? Bien que le désaccord subsiste sur cette question importante, un certain nombre de travaux scientifiques ont conclu que le sexe, peut-être plus que toute autre variable, une différence significative et constante dans l'étendue et la nature de la violence interpersonnelle.

 

Depuis près de quatre décennies, les hommes dominent les rapports officiels sur les crimes violents quelle que soit la source des données. Les hommes semblent se livrer de manière disproportionnée aux actes les plus préjudiciables de violence interpersonnelle (7). Parmi les 54 victimes d'homicide avec blessure, 48 cas (sois 88,89 %) appartiennent au groupe des hommes. Le pourcentage d’attitude défensive chez les hommes étant environ huit fois supérieur à celui des femmes.

 

Les hommes, par nature, ont des activités plus agressives et plus défensives que les femmes. L'homicide est essentiellement masculin en raison de la nature extravertie des hommes et d'une société à dominante masculine où ils gèrent la plupart des conflits et sont davantage exposés à cette violence. En France en 2008, 65,7 % des homicides étaient commis par des hommes, pour 34,3 % par des femmes. (6)

L’incidence de la nationalité et la sociologie peuvent également avoir leur incidence. En Turquie et au Royaume-Uni, les cas d‘homicide de femmes étudiées présentaient plus de blessures que les hommes. Près de 69 % des victimes appartenaient au groupe d'âge de 21 à 40 ans, car le groupe d'homicides le plus courant était celui des plus jeunes. Ce qui pourrait être attribué au fait qu’une vie plus active au cours de ces deux décennies peut avoir une incidence par nature plus lourde sur la participation à des activités violentes.

Se défendre face à une agression au couteau ?

En conclusion, il a été découvert que :

  • la plaie incisive était la plaie de défense la plus courante (46 %) ;
  • que l'arme tranchante était l'arme la plus courante.

Il ressort de cette analyse pour les étudiants de la self-défense contre un couteau que lorsque les assaillants attaquent avec une arme tranchante, la victime perçoit le risque de mort et tente de saisir l’arme. Ce qui va à l’encontre de tout ce qui est transmit lors des cours de sel-défense. Mais il s’agit de la dure réalité des comportements ataviques humains.

Il a été également observé que le côté gauche de la victime est plus communément impliqué dans les blessures. C’est l’instinct naturel humain de la victime de lever son bras pour éviter l’attaque afin de protéger un organe vital comme le cerveau. Il a été observé dans cette étude que le bras, l’avant-bras et la main gauche des victimes étaient impliqués à cause de la proximité de l’auteur de l’agression de l’auteur et de l’impossibilité de l’éloigner. Le bras gauche est donc été utilisés tout d’abord comme moyen de défense.

C’est sur ce genre de fondement simple que la self-défense contre le couteau devrait se baser. Et plus sur les mythes et croyances qui :

  • erre dans les salles de sport obscures ;
  • sont entretenus par des instructeurs d’un autre temps ;
  • sont véhiculés par des têtes d’affiche des réseaux sociaux, issus des sports de combat qui n’ont jamais goûté au plaisir de la confrontation à la banalité et au vice de la violence quotidienne, dans des métiers de la sécurité privé, pour un SMIC.

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Sources :

(1) Camps Francis E,   Comeron J M et al. Practical Forensic Medicine. Rev edition. London: Hutchinson Medical Publication; 1971.
Reddy K S N. The Essentials of Forensic Medicine and Toxicology. 25th  edition. Hyderabad: K. Saguna Devi; 2006.
(2) Fatteh  A. Deaths from cutting  and  stabbing wounds, Handbook of  Forensic Pathology, J B Lippin Cott Company. 1973.
(3) Knight B. Forensic pathology. 2nd edition. London : Arnold Publication; 1996.pp. 162,163,171.
Metter D and Benz D. Self defense injuries in homicides caused by penetrating forces. Z Rechtsmed. 1989
(4) Defense wounds in homicidal deaths (2009) M.I. Sheikh, P. Pranav, K. Vijay. http://medind.nic.in/jal/t09/i1/jalt09i1p18.pdf
(5) Morgue du Collège médical gouvernemental et du nouvel hôpital civil de Surat de janvier 2004 à décembre 2005 et à l’Institut municipal d’éducation et de recherche médicales de Surat de juin 2005 à décembre 2005 (cinq postes de police étaient autorisés pour des examens post mortem)
(6) Statistiques sur les homicides - Sexe des victimes d'homicide. https://www.unodc.org/documents/data-and-analysis/statistics/GSH2013/2014_GLOBAL_HOMICIDE_BOOK_web.pdf
(7) Gender and Interpersonal Violence. Candace Kruttschnitt. https://www.nap.edu/read/4421/chapter/4
Crédit photo : Reza Hasannia. https://unsplash.com/@rezahasannia?utm_medium=referral&utm_campaign=photographer-credit&utm_content=creditBadge