19/06/2023
L'insécurité en France sensible à la médiatisation
Les débats et la médiatisation sur l’insécurité font rage en France. Pourtant, aucune donnée statistique n’indique que le sentiment d’insécurité augmente (1).
Le sentiment d’insécurité n’est pas une dimension simplement statistique qui pourrait se traduire par un indicateur unique.
La médiatisation de l'insécurité en France sur des enquêtes de victimations, donc des perceptions et d'exposition. L’une des extrémités est très liée à l’exposition directe (de soi ou de ses proches) à la délinquance. Elle constitue une réaction émotionnelle.
Le sujet mis en avant est toujours celui de la peur, mais il peut également s’agir de colère, voire tout simplement de vigilance face à cette exposition. L’autre extrémité de l’insécurité est moins liée à l’expérience ou à l’exposition au risque de violence.
Elle est plus expressive et subjective : ces crispations sécuritaires ne sont qu'une manière d’exprimer une préoccupation qui se cristallise sur la criminalité (médiatique ?), mais qui la dépasse largement.
Médiatisation de l'insécurité et de la délinquance en 2022
« article repris du site du Centre d’observation de la société » : « L’insécurité augmente-t-elle en France ? La question de l'insécurité en France revient régulièrement au devant de l’actualité.
Il est difficile de faire la part des choses entre des inquiétudes réelles et l’instrumentalisation de faits divers pour faire de l’audience. Tous les jours, notre pays compte trois homicides.
C’est beaucoup moins qu’il y a 30 ans, mais cela permet de nourrir une chronique médiatique à défaut d’autres événements majeurs. Les réseaux sociaux amplifient encore le phénomène.
Porter une appréciation sur le sujet n’est pas facile, parce que, s’agissant de pratiques illégales, les statistiques disponibles ne mesurent qu’une partie de ce qui se passe réellement.
C’est ce qu’on appelle le « chiffre noir » de l’insécurité. Il faut avancer avec une grande prudence quand on utilise ces chiffres.
Pour autant, avec les outils dont on dispose en France, rien n’indique que nos sociétés soient devenues plus violentes ces dernières années, c’est même l’inverse qui apparaît.
Si l'on prend en compte l’ensemble des crimes et délits enregistrés par les services de police et de gendarmerie en France depuis la Seconde Guerre mondiale, on note une forte hausse entre les années 1960 et le début des années 1980.
On passe à l’époque de dix crimes et délits par an et pour 1 000 habitants à environ 60.
Depuis, les données varient entre 55 et 65. À partir de 2016, nous avons recalculé une série une base différente, mais hormis l’année 2020 et la période de confinement, les crimes et délits sont restés stables autour de 48 pour 1 000 entre 2016 et 2022.
Les chiffres augmentent en France sans que cela traduise par une hausse de l’insécurité
Ce chiffre global, longtemps utilisé dans le débat public, pose de nombreux problèmes. Des homicides à la falsification de documents d’identité en passant par des cambriolages, il rassemble des faits hétéroclites.
Il dépend aussi de l’activité des services de police : quand ces derniers deviennent plus efficaces, les chiffres augmentent sans que cela traduise nécessairement une hausse de l’insécurité.
Cette donnée est la conséquence grandes transformations sociales : la progression des années 1960 et 1970 est essentiellement due aux vols.
Les objets à voler de la société de consommation
On entre alors dans la société de consommation, il y a davantage d’objets à voler, on s’assure plus souvent et on les déclare davantage à la police…
C’est un autre point important : la violence enregistrée par les statistiques dépend beaucoup de notre sensibilité au sujet et de notre capacité à déclarer des faits.... »
Lire la suite sur le site du Centre d’observation de la société : L’insécurité reste stable en France
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Sources :
(1) Le sentiment d’insécurité ne progresse pas en France
Observatoire scientifique du crime et de la justice