10/03/2024

Pourquoi la théorie de la vitre brisée est fausse

Pourquoi la théorie de la vitre brisée est fausse

Cette théorie postule que le désordre dans les quartiers d’une ville conduit à une criminalité élevée en incitant une activité criminelle supplémentaire et en décourageant les comportements social positif luttant contre la criminalité.

 

Comme beaucoup de théories de sciences sociales tel que « l'effet spectateur », celle de la vitre brisée semble être fausse. Élaboré dans des temps ou la rigueur scientifique et la reproductibilité de ces recherches était plus que contestable.  

 

Les désordres physiques comme des bâtiments abandonnés, des graffitis et/ou des détritus. Les troubles sociaux comme des mendiants, des sans-abri ou des jeunes sans surveillance, auraient donc selon cette théorie des effets causaux directs et indirects sur la criminalité.

 

De facto, ce désordre signalerait aux criminels potentiels que les résidents sont indifférents à la criminalité, encourageant ceux-ci à commettre des crimes en toute impunité.

 

Indirectement, ce désordre inciterait les résidents à éviter les personnes inconnues, à restreindre leurs déplacements dans des espaces sûrs et à se retirer de la vie publique.

 

Désengagés du quartier, les habitants estimeraient de plus en plus que la lutte contre le désordre et la criminalité est le devoir des autres. Ironiquement, ces signes de désordre local créeraient une peur du crime chez les résidents parce qu'ils assument un effet causal du désordre sur le crime.

 

Finalement, à mesure que le désordre et la criminalité augmenteraient, les résidents disposant de ressources suffisantes commenceraient à quitter le quartier, emportant leur capital avec eux, ce qui saperait les ressources communautaires et la capacité de contrôle social informel. (1)

Les théories du contrôle social

A contrario, les théories du contrôle social informel soutiennent que l'association entre le désordre et le crime n'est pas causale, mais est plutôt fausse, en raison du contrôle informel variable de voisinage. (2)

 

Une controverse criminologique importante concerne les relations causales appropriées entre :

  • le désordre ;
  • le contrôle social informel ;
  • la criminalité.

La théorie de la vitre brisée postule que le désordre du quartier augmente la criminalité directement et indirectement en sapant le contrôle social informel du quartier.

 

Les théories de l'efficacité collective soutiennent que l'association entre le trouble du voisinage et le crime est fausse en raison de la variable confondante du contrôle social informel. (3)

Les citations à comparaître bleues de Newark

Dans les années 1980, en application de la théorie de la vitre brisée, la police de Newark (New Jersey), a régulièrement sanctionné des résidents pour des infractions mineures par l’intermédiaire des « citations à comparaître bleues » (4).

 

Elles étaient destinées à lutter contre le crime dans une ville en proie à la violence. Les officiers qui ont accumulé le plus de citations ont été récompensés par de meilleures affectations et des heures supplémentaires.

 

En fin de compte, la police elle-même, et les résidents ont déclaré que cette pratique avait nui à la relation entre les forces de l’ordre et les habitants et n'avait guère contribué à réduire la criminalité.

 

Ces citations à comparaître ont donc été enracinées de manière dogmatique dans la méthodologie policière américaine des années 1980 connue sous le nom de « Broken Windows » (théorie de la vitre brisée), qui soutient que le maintien de l'ordre et la surveillance des infractions de bas niveau peut prévenir des crimes plus graves.

Echec de l’application de la théorie

La théorie a plutôt abouti à des critiques négatives des habitants caractérisant cette politique comme agressive envers les communautés minoritaires. Ce qui a créé souvent plus de problèmes qu'elle n'en a résolu.

 

De telles pratiques ont mis à rude épreuve les systèmes de justice pénale, imposer des amendes aux personnes démunies pour des infractions mineures et rompu la relation entre la police et les minorités.

 

Cela a conduit à New York en 2014, à la mort d’Eric Garner, d'un étranglement de la police après qu’ils l'aient verbalisé pour avoir vendu des cigarettes en vrac au coin de la rue.

 

Aujourd'hui, Newark et d'autres villes ont été obligées de repenser leur approche de théorie de la vitre brisée.

 

« Si vous ne regardez pas les personnes que vous contrôlez comme des humains, alors vous commencez à les traiter de manière inhumaine. »

La théorie de la vitre brisée au Japon

Au Japon, surtout depuis les années 1990, la théorie de la vitre brisée s’est culturellement éloigné du dogmatisme américain par l’intermédiaire de la participation du public à la prévention du crime (7). 

 

Comparativement à l’Amérique du Nord ou à la France, il est clair que l’accent est davantage mis sur l’éducation morale et que le niveau de contrôle policier est par conséquent, plus faible.

 

La coopération entre les acteurs (policiers, chercheurs, urbanistes et agents de terrain) crée une relation plus étroite entre la police et les habitants et renforce le rôle des habitants dans le maintien de l'ordre.

 

En fait, cette nouvelle dynamique justifie l’intervention de la police, puisque ce seront les habitants qui détectent le moindre signe de trouble et appelle la police.

 

Vient ensuite le profilage des personnes « à risque », notamment « les jeunes et les étrangers ». Cependant, dans les zones résidentielles, la diffusion et la traduction de la théorie des vitres brisées sont plutôt perçues comme un moyen de souligner le rôle moral des personnes âgées. Le recours au concept de société civile permet à la police de se rapprocher de segments spécifiques de la population.

La théorie de la vitre brisée est inapplicable et fausse

Bien qu'il existe des preuves à la fois pour les fenêtres cassées et les théories de contrôle informelles, il y a peu de consensus dans la littérature des recherches actuelles. En outre, à l'heure actuelle, la plupart des études n'établissent pas la causalité de manière forte.

 

En 2019, il a été mené une méta-analyse (6) sur 96 études pour examiner les effets du trouble sur les résidents, les tendances générales pour le comportement agressif, les perceptions et les attitudes à l'égard de leur voisinage.

 

Avec une attention particulière aux aspects de la conception de la recherche qui pourraient confondre l'inférence causale. Aucune preuve cohérente que le désordre induit une plus grande agressivité ou des attitudes plus négatives envers le quartier.


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Sources :

 

(1) Wilson JQ, Kelling GL. 1982. Broken windows. The Atlantic. March. https://www.theatlantic.com/magazine/archive/1982/03/broken-windows/304465/

(2) Sampson RJ, Groves WB. 1989. Community structure and crime: testing social-disorganization theory. Am. J. Sociol

https://www.journals.uchicago.edu/doi/abs/10.1086/210356

(3) Broken Windows, Informal Social Control et Crime: Assessing Causality in Empirical Studies

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8059646/

(4) https://www.pbs.org/wgbh/frontline/article/how-newarks-police-reform-deal-breaks-with-the-past/

(5) Looking Through Broken Windows: The Impact of Neighborhood Disorder on Aggression and Fear of Crime Is an Artifact of Research Design. Annual Review of Criminology. Vol. 2:53-71 (Volume publication date January 2019). First published as a Review in Advance on September 26, 2018

https://www.annualreviews.org/doi/full/10.1146/annurev-criminol-011518-024638

(6) Revisiting Broken Windows Theory: Examining the Sources of the Discriminant Validity of Perceived Disorder and Crime☆

Liens d'auteur ouvrir le panneau de superpositionJacinthe M. Gauge a, Travis C. Pratt b

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0047235210001054

(7) The broken windows theory in Japan: the development of microlocal networks by the residents

https://www.erudit.org/fr/revues/lsp/2020-n84-lsp05292/1069443ar/