27/01/2024

Violence, agression et troubles psychiatriques. Le quotidien d'une société

Violence, agression et troubles psychiatriques. Le quotidien d'une société

La majorité des personnes souffrant de troubles psychiatriques grave dans notre société ne sont pas violents (1). On retrouve malgré tout une augmentation du risque total de violence, d’agression et de conduites antisociales par rapport à la population générale.

 

Démontré par John Monahan et ses confrères : « Le lien présumé entre le trouble mental et la violence a été le moteur du droit et de la politique en matière de santé mentale pendant des siècles. » ...

 

La législation, « les tribunaux et le public s'attendent à ce que les professionnels de la santé mentale les protègent contre les actes violents commis par des personnes atteintes de troubles mentaux. Pourtant, pendant trois décennies, la recherche a montré que les évaluations sans aide des cliniciens de la « dangerosité » sont à peine meilleures que le hasard... » (1).

 

Sheilagh Hodgins (2) en 1992 a examiné la relation entre la criminalité et les troubles mentaux ; la criminalité et la déficience intellectuelle dans une cohorte 15 000 hommes et de femmes suédois pendant 30 ans.

 

En analysant cette cohorte, elle a découvert que :

  • les hommes qui souffraient de troubles psychiatriques étaient 2,5 fois plus à risque de commettre un acte criminel et étaient 4 fois plus à risque de commettre un crime violent au cours de leur vie ;
  • les femmes souffrant de troubles psychiatriques majeurs étaient 5 fois plus susceptibles que les femmes sans trouble ni handicap de commettre une infraction et 27 fois plus susceptibles d'avoir un casier judiciaire, pour une infraction avec violence au cours de leur vie.

Schizophrénie, violence et agression

Cette observation a été reproduite dans une autre étude (3) chez plus de 12 000 personnes pendant 26 ans. Les auteurs ont montré qu’un diagnostic de schizophrénie augmentait de 3 fois le risque de commettre un crime et de plus de 7 fois le risque de commettre un crime violent au cours de la vie.

 

Les recherches de Mullen et ses confrères (5) ont également démontré que les personnes souffrantes de schizophrénie présentaient une augmentation du risque de commettre un crime 3 fois supérieur à la moyenne au cours de leur vie, sauf pour les crimes d’ordre sexuel, comparés à un groupe témoin provenant de la même communauté. Un diagnostic secondaire d’abus de substances (alcool, drogues) augmentait le risque d'actes criminels de 5,7 fois.

 

Dans une cohorte de 2861 personnes souffrantes de schizophrénie, en Australie, Wallace et ses confrères en 2004 ont montré une augmentation d’actes criminels de plus de 3 fois supérieur à un groupe témoin de la même communauté (6) de personnes. 

Alcool, toxicomanie et troubles psychiatriques

Les résultats indiquent donc que le risque de comportement violent et les agressions est significativement plus élevé chez les sujets atteints de troubles psychiatriques.

 

Sauf qu’il apparaît, en regard du développement des comportements de violence et d’agression, qu’il s’agit plus qu’un lien direct entre la pathologie psychiatrique et la violence.

 

Mais plutôt d’une combinaison de caractéristiques (alcoolémie, toxicomanies, biologiques et sociales) qui, à travers une trajectoire propre, intensifie le risque de commettre ce type de comportement (4).


Stress et apprentissage en self-défense : le rôle de l'habitude

Stress et apprentissage en self-défense : le rôle de l'habitude Un large éventail d'expériences stressantes peuvent influencer la prise de décision humaine de manière complexe...

Dynamique de violence envers les femmes

Dynamique de violence envers les femmes Plus les femmes sont piégées par cette dynamique de violence exercée par leur partenaire intime, plus elles... 


Sources :

 

(1) Rethinking Risk Assessment: The MacArthur Study of Mental Disorder and Violence. January 2002 John Monahan, University of Virginia. Henry J Steadman, Eric Silver, Paul S Appelbaum. Columbia University

https://www.researchgate.net/publication/46484950_Rethinking_Risk_Assessment_The_MacArthur_Study_of_Mental_Disorder_and_Violence

(2) Mental disorder, intellectual deficiency, and crime. Evidence from a birth cohort. S Hodgins

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/1599373

(3) Specific major mental disorders and criminality: a 26-year prospective study of the 1966 northern Finland birth cohort. J Tiihonen , M Isohanni, P Räsänen, M Koiranen, J Moring https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9167513/

(4) Prediction of differential adult health burden by conduct problem subtypes in males

Candice L Odgers, Avshalom Caspi, Jonathan M Broadbent, Nigel Dickson, Robert J Hancox, Honalee Harrington, Richie Poulton, Malcolm R Sears, W Murray Thomson, Terrie E Moffitt

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17404124/

(5) Stalkers and their victims. Mullen, Paul E. Pathé, Michele Purcell, Rosemary

https://psycnet.apa.org/record/2000-00242-000

(6) Criminal Offending in Schizophrenia Over a 25-Year Period Marked by Deinstitutionalization and Increasing Prevalence of Comorbid Substance Use Disorders. Cameron Wallace, Ph.D., Paul E. Mullen, M.B.B.S., D.Sc., F.R.A.N.Z.C.P., F.R.C.Psych., and Philip Burgess, Ph.D. https://ajp.psychiatryonline.org/doi/full/10.1176/appi.ajp.161.4.716

(7) Les malades mentaux sont-ils plus violents que les citoyens ordinaires ?

Jean-Louis Senon, Cyril Manzanera, Mikael Humeau, Louise Gotzamanis 

https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2006-8-page-645.htm