07/12/2023

Violences conjugales des femmes enceintes

Violences conjugales des femmes enceintes

Il est établi que les violences conjugales ne concernent pas seulement les partenaires, mais aussi les femmes enceintes et leurs enfants. Des recherches françaises (1) mettent également en avant les difficultés affectives, sociales, comportementales et cognitives de ces enfants.

 

Ainsi que des problèmes de santé, des symptômes de stress post-traumatique et un renversement des rôles observable par un processus de parentification (2). Différentes recherches se sont également intéressées aux conséquences des violences conjugales pendant la grossesse. Elles tentent d’établir un lien entre violences conjugales et grossesse et, plus précisément, entre la survenue d’une grossesse et le début des violences conjugales.

 

Selon l’enquête nationale sur les violences faites envers les femmes en France (Enveff 2000) (*), des violences physiques sont constatées dans 3 à 8 % des grossesses. Ce taux de violence serait trois à quatre fois supérieures en cas de grossesse non désirée. Certaines recherches (3) indiquent que la grossesse serait un événement déclencheur ou aggravant des violences conjugales physiques.

 

Selon la psychiatre Muriel Salmona, la grande majorité des femmes enceintes, victimes de violences conjugales physiques, ne seraient en réalité pas repérées par les professionnels de santé. Les conséquences traumatiques physiques et psychiques sur leur santé et celle de leur enfant ne seraient donc pas reconnues comme telles. (4)

Violences conjugales pendant la grossesse

Même pendant la grossesse, les femmes peuvent souffrir de violences conjugales. Cette recherche (5) a estimé la prévalence (rapport entre l'ensemble des cas présents ou passés d'un événement ou d'une maladie et l'ensemble de la population exposée, à une date donnée.) de la violence physique pendant la grossesse.

 

Les principaux facteurs de risque, la description de la relation entre la violence physique, le bien-être psychologique et l'issue de la grossesse ont été analysés.

 

Un échantillon national représentatif des naissances, dans toutes les maternités publiques et privées, en 2016 en France a été utilisé. Les femmes ont été interrogées après l'accouchement, sur leurs conditions de vie et sur la survenue de violences physiques au moins une fois pendant la grossesse.

 

L'étude des facteurs de risque et de l'issue de la grossesse a été réalisée à l'aide de régressions logistiques multivariées (modéliser au mieux un modèle mathématique simple à des observations réelles nombreuses) (6).

 

Sur les 12 330 femmes incluses dans l'analyse, 1,8 % ont été exposées à des violences physiques pendant leur grossesse. Le risque de violence a été associé à :

  • la situation du couple (femmes sans partenaire ou en couple ne cohabitant pas) ;
  • au revenu du ménage (inférieur à 3 000 euros mensuels) ;
  • à la couverture médicale de l'État.

La violence physique était plus répandue en cas d'antécédents d'avortement provoqué ou de consommation de cannabis pendant la grossesse.

 

La détresse psychologique était plus fréquente avec que sans violence physique (62 % contre 24 % ont eu une période de tristesse pendant la grossesse.).

 

Le risque d’accouchement prématuré, spontané et de transfert du nouveau-né vers une unité de soins intensifs néonatals était significativement plus élevé chez les femmes victimes de violence physique pendant la grossesse que chez les autres femmes.

Facteurs de risque accru de violence pendant la grossesse

Les principaux facteurs associés à un risque accru de violence pendant la grossesse ont été d'ordre socio-économique. L'identification par les soignants des femmes exposées à la violence pendant la grossesse se doit d’être grandement améliorée pour pouvoir développer des stratégies de prévention et de soins.

 

Pour ces futurs enfants qui vont indubitablement grandir dans un environnement plus ou moins favorable.

La violence subit après l’accouchement

L’objectif de cette recherche (7) a été d’étudier la prévalence (auto déclarée) de la violence subie parmi un groupe de femmes environ deux ans après leur accouchement, sur leur état de santé pendant la grossesse, l'issue de la grossesse et leur expérience de la santé de leur enfant.

 

En 2011, un groupe de 657 femmes ont participé à la phase 3 de l'étude de cohorte sur l'accouchement et la santé dans les soins de santé primaires islandais, 18 à 24 mois après l'accouchement.

 

Les femmes avaient déjà participé à la phase 1 vers la 16e semaine de grossesse et à la phase 2, 5 à 6 mois après l'accouchement. Les données ont été collectées par questionnaires postaux.

 

Les principaux critères de jugement comprenaient :

  • les antécédents de violence signalés par les femmes ;
  • les antécédents sociodémographiques et obstétricaux ;
  • l’état de santé perçue ;
  • l’utilisation de médicaments ;
  • l’état de santé perçue de leur enfant.

Conséquences des actes de violences pendant la grossesse

Lors de la dernière phase, 16 % des femmes ont déclaré avoir été victimes de violences. Elles ressentaient moins de soutien de la part de leur partenaire actuel, par rapport à celles qui n'avaient pas signalé de violence.

 

Leurs grossesses étaient plus fréquemment non planifiées, les accouchements plus souvent par césarienne et leur état de santé perçu était moins bon.

 

Ces femmes ont signalé davantage de problèmes de santé mentale et somatique et leur utilisation d’antidépresseurs était plus élevée. De plus, les femmes ayant subi des actes de violences pendant leur grossesse considéraient l'état de santé général de leur enfant comme moins bon.

Les antécédents de violence chez les femmes sont fréquents

Cette étude confirme, une fois de plus, que les antécédents de violence sont fréquents chez les femmes qu’elle que soit le pays.

 

Ces antécédents de violence sont associés à divers problèmes de santé maternelle pendant et après la grossesse, à un taux plus élevé de césariennes et à des rapports maternels faisant état de problèmes de santé chez leur enfant 18 à 24 mois après la naissance.

 

Les résultats de cette étude soutiennent l'importance de reconnaître et de lutter contre la violence subie par les femmes dans les soins primaires.


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Sources :

 

(1) TRACES PSYCHIQUES DE VIOLENCES CONJUGALES PASSÉES SUR LA

GROSSESSE ET RISQUE DE PRÉMATURITÉ

https://violencesantefemme.fr/wp-content/uploads/2021/07/RF_016_0129.pdf

(2) https://psychologueparis-7.fr/parentification/

(3) Julie GAZMARARIAN et al., « Prevalence of violence against pregnant women », The Journal of the American Medical,

vol. 275, pp. 1915-1920, 1996 ; Alex HELTON, Judith Mc FARLANE, Elisabeth ANDERSON, « Battered and pregnant: a prevalence study », American Journal of Public Health, vol. 77, 1987, pp.1337-1339 ; Sandra MARTIN, Linda MACKIE, Lawrence

KUPPER, Paul BUESCHER, Kathrin MORACCO, « Physical Abuse of Women Before, During, and After Pregnancy », The

Journal of the American Medical, vol. 12, 2001, pp. 1581-1584 ; Donna STEWART, Anthony CECUTTI, « Physical abuse in

pregnancy », Canadian Medical Association Journal, vol. 1498, 1993, pp. 1257-1263.

(4) Muriel SALMONA, « Grossesse et violences conjugales : impact sur l’enfant », Revue l’observatoire, vol. 59, 2008

(5) Physical Violence During Pregnancy in France: Frequency and Impact on the Health of Expectant Mothers and New-Borns

Monyk N A Maciel 1 2, Béatrice Blondel 1, Marie-Josèphe Saurel-Cubizolles https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31203524/

(6) https://datascientest.com/regression-logistique-quest-ce-que-cest

(7) History of violence and subjective health of mother and child

Margret O Tomasdottir 1 2 3, Hildur Kristjansdottir 4, Amalia Bjornsdottir 5, Linn Getz 3, Thora Steingrimsdottir 6, Olof A Olafsdottir 4, Johann A Sigurdsson https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27822978/

(*) https://journals.openedition.org/plc/860