12/05/2023

Agression au couteau : mythe de l'agression de rue

Agression au couteau : mythe de l’agression de rue

L’agression au couteau de rue est encore un mythe de plus qui perdure dans les méandres des croyances populaires liés au couteau. « Un homme reçoit un coup de couteau dans la rue. » »,  «  Un homme poignardé de plusieurs coups de couteau en pleine rue. » 

 

Un homme agresse plusieurs personnes avec un couteau dans la rue. Une jeune femme agressée au couteau dans une rue... » Voici donc la multiplicité des accroches médiatiques auxquelles il est possible d’être confronté jour après jour.

 

Forcément, comment ne pas s’imaginer que la majorité des agressions au couteau ont de ce fait lieu dans la rue. Il est indéniable que ce type d’agression se produit tous les jours dans le monde entier.

 

Sauf que dans les pays qui ont ou se donnent les moyens d’étudier ces phénomènes, il est possible de constater que cela ne représente pas forcément l’immense majorité des cas. Du fait qu’un certain nombre de paramètres comportementaux et sociologiques empêche d’en faire une généralité.  

 

« A force de répétition et à l'aide d'une bonne connaissance du psychisme des personnes concernées, il devrait être tout à fait possible de prouver qu'un carré est en fait un cercle. Car après tout, que sont « cercle » et « carré » ? De simples mots. Et les mots peuvent être façonnés jusqu'à rendre méconnaissables les idées qu'ils véhiculent. » Joseph Goebbels 

Les homicides à Oslo et Copenhague

Oslo et Copenhague sont les capitales des deux pays scandinaves étroitement liés, la Norvège et le Danemark. L'incidence des homicides dans ces pays, y compris les capitales, sont faibles (Oslo : 1,8 pour 100 000, Copenhague : 1,6 pour 100 000 pendant la période d'étude). S Rogde , H P Hougen et K Poulsen ont précédemment réalisé une étude comparative sur les homicides dans ces zones.

 

Les populations de victimes d'homicides étaient très similaires dans les deux régions de la capitale, de même que les auteurs. Dans la présente étude, ils ont étudié les décès par homicide causés au cours d’une période allant du 1er janvier 1985 au 31 décembre 1994.

Types de données des autopsies

Toutes les autopsies ont été pratiquées dans les instituts universitaires de médecine légale des deux villes. Les données suivantes ont été enregistrées dans une base de données : sexe et âge de la victime, type de blessure, localisation de la blessure (tête, cou, thorax, abdomen, membres supérieurs et inférieur).

Poignardé de plusieurs coups de couteau en pleine rue ?

Dans les régions d'Oslo et de Copenhague, 141 homicides par agression au couteau ont été commis durant la période de 1985 à 1994. Force est de constater que le mythe de l'agression au couteau de rue est bien réel. Les homicides durant lesquels les armes de force vive ont été utilisées à représenté 33 % des homicides au cours de cette période :

  • 35 % des victimes étaient des femmes et la plupart des victimes avaient entre 20 et 50 ans.
  • la majorité des hommes victimes ont été tués par une connaissance (les femmes par leur conjoint) ;
  • 65 % des hommes et 37 % des femmes victimes avaient de l'alcool dans le sang ;
  • la majorité des victimes féminines avaient des lésions dans 3 à 4 régions anatomiques, tandis que les hommes avaient le plus souvent des lésions dans une seule région anatomique ;
  • 79 % des femmes et 36 % des hommes avaient des blessures d'autodéfense aux membres supérieurs ;
  • dans 21 cas (15 %) l'agresseur était une femme, 19 de leurs victimes étant des hommes ; l'arme dans ces cas était le plus souvent un couteau de cuisine (identique à la France) ;
  • 78 % des femmes et 49 % des hommes ont été tués dans leur propre maison et non en pleine rue. La circonstance la plus courante était la querelle familiale lorsque la victime était une femme, tandis qu'une bagarre était la circonstance la plus courante lorsque la victime était un homme. 3 agresseurs se sont suicidés après avoir commis un ou des homicides (7 victimes, 3 agresseurs).

Alcool et agression au couteau

Les enquêteurs suédois ont trouvé une proportion plus faible de femmes victimes dans la région de Stockholm (21 % de 1973 à 82, 24 % de 1983 à 92) contre 35 % dans la cohorte. Ils ont divisé le matériel en une partie norvégienne et une partie danoise, trouvant une proportion de femmes plus élevée dans les deux villes (Oslo : 31 %, Copenhague : 36 %) qu'à Stockholm.

 

Une autre différence frappante par rapport aux données suédoises, est la proportion de victimes dont le test d'alcoolémie est positif. Ils ont constaté que 35 % des hommes et 63 % des femmes victimes étaient sous l’emprise de l’alcool.

 

Malgré une législation sur les armes à feu classé comme restrictive (2) (Identiques à la France (3) et d’autres pays), les armes de forces vives (couteau ou autres) n’ont été utilisées que dans 33 % des homicides. Dans le cadre d’homicide sur la voie publique, l’utilisation du couteau n’est pas un mythe en soi.

 

Mais à contrario, la systématicité et la prédominance du « danger de l’agression au couteau de rue » est une construction de l'esprit, fruit de l'imagination, n'ayant aucun lien avec la réalité.


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Sources :

 

(1) Homicide by sharp force in two Scandinavian capitals.

S Rogde , H P Hougen, K Poulsen

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10704816/

(2) https://www.gunpolicy.org/fr/firearms/region/norway

https://www.gunpolicy.org/fr/firearms/region/denmark

(3) https://www.gunpolicy.org/fr/firearms/region/france