11/05/2025
Des cours de self-défense sont proposés à travers le monde comme solutions potentielles aux violences faites aux femmes, particulièrement pour réduire leur vulnérabilité aux agressions
sexuelles.
Malgré leur popularité croissante, peu de recherches systématiques ont évalué l'efficacité réelle de ces formations.
Une étude scientifique rigoureuse menée par la chercheuse Jocelyn A. Hollander (1) apporte enfin des réponses concrètes et prometteuses sur cette question cruciale.
Des enquêtes récentes et représentatives révèlent qu'environ une femme sur cinq aux États-Unis a été victime de viol au cours de sa vie.
Les conséquences de ces agressions sont multiples et dévastatrices :
Selon certaines estimations, le coût annuel national des viols et agressions sexuelles dépasserait 260 milliards de dollars.
Jusqu'à récemment, la plupart des efforts de prévention se concentraient sur l'identification des victimes et l'atténuation des conséquences des agressions sexuelles.
Ces initiatives, bien qu'essentielles, ne réduisent pas l'incidence des agressions sexuelles.
Parmi les rares programmes de prévention primaire évalués, pratiquement aucun n'a démontré d'efficacité pour réduire le risque ou la prévalence des viols.
Certains parviennent à modifier temporairement les attitudes, mais ces changements ne sont pas systématiquement liés à des modifications comportementales durables.
L'étude analysée porte sur un cours d'autodéfense féministe de 30 heures réparti sur 10 semaines, enseigné dans une université américaine.
Cette approche féministe se distingue par plusieurs caractéristiques essentielles :
Contrairement à d'autres programmes de prévention qui se concentrent uniquement sur la sensibilisation ou le changement d'attitudes, ces cours d'autodéfense enseignent des compétences
concrètes.
Des recherches antérieures ont démontré que la résistance physique (combat ou fuite) et la résistance verbale énergique (crier) sont associées à l'évitement du viol, sans augmentation des
blessures physiques.
La formation spécialisée en autodéfense pourrait donc logiquement renforcer la capacité des femmes à prévenir et à résister aux violences.
L'étude a suivi 286 étudiantes universitaires réparties en deux groupes :
Toutes les participantes ont rempli un questionnaire initial au début du trimestre et un questionnaire de suivi un an après la fin du cours.
Cette période de suivi d'un an constitue un avantage majeur par rapport aux études précédentes qui utilisaient des périodes de suivi beaucoup plus courtes (entre 1 et 6 mois).
Pour mesurer les expériences d'agression sexuelle, l'étude a utilisé le Sexual Experiences Survey (2), un instrument largement reconnu pour évaluer l'historique de victimisation sexuelle.
Ce questionnaire comprend des questions sur quatre catégories d'expériences sexuelles non désirées :
L'étude a également évalué l'auto-efficacité en matière d'autodéfense à l'aide d'une version modifiée de l'échelle d'auto-efficacité en autodéfense, mesurant la confiance des participantes dans leur capacité à utiliser diverses techniques d'autodéfense et à reconnaître les situations dangereuses.
Les résultats sont remarquablement probants : pendant l'année de suivi, seulement 12 % des étudiantes ayant suivi le cours d'autodéfense ont rapporté une expérience de victimisation sexuelle,
contre 30,6 % des étudiantes du groupe de comparaison.
Cette différence est statistiquement significative.
Plus frappant encore, aucune étudiante du groupe d'autodéfense n'a rapporté avoir subi un viol pendant la période de suivi, alors que 2,8 % des étudiantes du groupe de comparaison en ont fait
l'expérience.
Ces résultats suggèrent fortement que la formation à l'autodéfense constitue une solution efficace pour réduire le risque d'agression sexuelle.
L'étude démontre également que les femmes ayant suivi le cours d'autodéfense ont connu une augmentation significative de leur confiance en leur capacité à se défendre, tant contre des agresseurs
inconnus que contre des personnes connues ou intimes.
Cette amélioration s'est maintenue durant toute l'année de suivi.
Les témoignages qualitatifs recueillis lors des entretiens confirment ces résultats quantitatifs.
Les participantes ont massivement rapporté que l'apprentissage de l'autodéfense avait renforcé leur confiance dans leur capacité à se défendre contre la violence :
Pour maximiser les bénéfices d'une formation à l'autodéfense comme solution aux violences faites aux femmes, il est recommandé de rechercher des cours qui :
L'impact positif de la formation à l'autodéfense dépasse largement la simple réduction du risque d'agression.
L'étude montre que les participantes développent également une plus grande assurance dans divers domaines de leur vie :
Cette étude rigoureuse apporte des preuves convaincantes que la formation à l'autodéfense constitue une solution efficace contre les violences faites aux femmes, en particulier les agressions
sexuelles.
Contrairement à de nombreux programmes de prévention qui n'ont pas démontré d'efficacité pour réduire les taux d'agression, les cours d'autodéfense féministe permettent non seulement de diminuer
significativement le risque de victimisation, mais aussi d'augmenter la confiance en soi et l'auto-efficacité des participantes.
Ces résultats suggèrent que les cours d'autodéfense devraient être plus largement disponibles et reconnus comme une stratégie de prévention primaire valable contre les violences sexuelles.
Ils offrent aux femmes des outils concrets pour prendre en charge leur propre sécurité, sans limiter leur liberté ou leur faire porter la responsabilité des agressions.
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