09/08/2024

Les personnes souffrant de maladies mentales sont elles plus dangereuses ?

Les personnes souffrant de maladies mentales sont elles plus dangereuses ?

Dans l'imaginaire collectif, les personnes atteintes de troubles mentaux sont souvent perçues comme dangereuses.

 

Cette croyance, alimentée par des faits divers tragiques médiatisés, ne reflète pourtant pas la réalité scientifique.

 

Les données démontrent que la plupart des auteurs d'homicides ne présentent aucun trouble psychique grave.

 

Si certaines pathologies augmentent le risque d'actes de violence, notamment associées à l'addiction, la majorité des patients suivis en santé mentale ne représentent aucun danger.

 

Cet article examine les liens réels entre troubles psychiatriques et comportements violents, en s'appuyant sur les recherches récentes.

Répartition des auteurs d'homicides : 80-85% ne souffrent pas de maladies mentales graves, contredisant les idées reçues sur le lien entre troubles psychiatriques et violence meurtrière
Répartition des auteurs d'homicides : 80-85% ne souffrent pas de maladies mentales graves, contredisant les idées reçues sur le lien entre troubles psychiatriques et violence meurtrière

Maladies mentales et dangerosité : démêler le mythe de la réalité

Les homicides tragiques et largement médiatisés perpétrés par des personnes atteintes de troubles psychiatriques ont souvent été utilisés pour argumenter que le système de soins de santé mentale en France a échoué.

 

Cependant, l'homicide demeure un acte rare chez les individus souffrant de maladies mentales.

L'imaginaire collectif face aux troubles psychiques

Dans l'imaginaire collectif, le meurtre est souvent perçu comme l'acte d'une personne mentalement malade.

 

Bien qu'il soit possible de lier des troubles mentaux graves à des comportements dangereux pour la société, il est crucial de nuancer cette perception.

Les statistiques contredisent les idées reçues

En réalité, la majorité des meurtriers ne souffrent pas de maladies mentales graves :

  • 80 à 85 % des auteurs d'homicides en sont exempts.

L'objectif de cette recherche (1) était d'évaluer la prédominance des troubles mentaux chez les personnes condamnées pour homicide et d'examiner les relations entre ces définitions.

Comprendre les facteurs de risque réels

L'étude s'est concentrée sur les liens entre l'homicide et les troubles mentaux majeurs, en passant en revue des études épidémiologiques récentes sur le sujet.

 

Les recherches ont révélé une association entre les homicides et certains troubles mentaux, notamment certaines formes de schizophrénie, le trouble de la personnalité antisociale, ainsi que l'abus de drogues ou d'alcool.

Quels troubles psychiatriques augmentent le risque d'actes de violence ?

Les troubles mentaux doublent le risque de violence meurtrière chez les hommes et le multiplient par six chez les femmes.

Le rôle de la schizophrénie dans les comportements violents

La schizophrénie, par exemple, multiplie ce risque par 6 chez les hommes et par 8 à 10 chez les femmes. Lorsqu'elle est associée à l'alcoolisme, ce risque est encore plus élevé, surtout chez les hommes.

 

Il est cependant important de noter que tous les patients atteints de schizophrénie ne doivent pas être perçus comme violents, bien qu'il existe un sous-groupe mineur de patients présentant un risque de violence particulièrement élevé.

  • Cette augmentation du risque semble être liée à des formes paranoïaques de schizophrénie combinées à une toxicomanie.

La prévalence de la schizophrénie chez les auteurs d'homicides est d'environ 6 %, tandis que les troubles de la personnalité et l'abus ou la dépendance à l'alcool sont plus fréquents, avec des prévalences allant de 10 % à 38 % respectivement.

Prévalence des troubles psychiatriques chez les meurtriers : l'abus d'alcool et les troubles de la personnalité (10-38%) sont plus fréquents que la schizophrénie (6%)
Prévalence des troubles psychiatriques chez les meurtriers : l'abus d'alcool et les troubles de la personnalité (10-38%) sont plus fréquents que la schizophrénie (6%)

Trouble de la personnalité antisociale et addiction

Les troubles présentant les plus grands risques sont l'abus ou la dépendance à l'alcool et le trouble de la personnalité antisociale, ce dernier augmentant le risque d'homicide de plus de 10 fois chez les hommes et de plus de 50 fois chez les femmes.

Multiplication du risque de violence meurtrière : le trouble de la personnalité antisociale multiplie par 50 le risque chez les femmes, le risque le plus élevé parmi tous les troubles psychiatriques étudiés
Multiplication du risque de violence meurtrière : le trouble de la personnalité antisociale multiplie par 50 le risque chez les femmes, le risque le plus élevé parmi tous les troubles psychiatriques étudiés

Les pathologies mentales sans lien avec la violence

En revanche, les troubles affectifs, les troubles anxieux, la dysthymie et le retard mental n'augmentent pas le risque.

 

Selon le DSM-IV (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) (3), 30 à 70 % des meurtriers présentent un trouble mental de grade I ou un trouble de la personnalité de grade II.

Profil des auteurs d'homicides atteints de troubles mentaux

Néanmoins, à quelques exceptions près, les meurtriers atteints de maladies mentales graves présentent des caractéristiques sociodémographiques similaires à tout autre meurtrier (2).

Caractéristiques sociodémographiques communes

Ils sont souvent des hommes jeunes, isolés, avec un passé judiciaire et une consommation de substances toxiques.

Les spécificités psychiatriques des meurtriers malades

Les meurtriers atteints de troubles mentaux graves sont toutefois plus âgés (37,8 ans contre 31,7 ans), ont davantage d'antécédents psychiatriques (81 % contre 32,9 %) et ils souffrent plus fréquemment de comorbidités psychiatriques par rapport à ceux sans troubles psychiatriques.

 

Les raisons pour lesquelles certains patients atteints de troubles mentaux deviennent violents, tandis que d'autres non, restent encore mal comprises.

Évaluation du risque de violence en santé mentale

Les études sur les personnes condamnées pour homicide ont utilisé diverses définitions des troubles mentaux.

 

Par exemple, selon la définition de Hodgins, seulement 15 % des meurtriers souffrent d'un trouble mental majeur, tel que :

  • La schizophrénie
  • La paranoïa
  • Ou le trouble bipolaire.

Les défis méthodologiques de la recherche scientifique

Il est cependant important de mentionner que de nombreuses études sur ce sujet ont souffert de faiblesses méthodologiques, en grande partie en raison de la difficulté à obtenir des groupes d'étude complets de délinquants impliqués dans des homicides.

Facteurs prédictifs et limites de la prédiction

Les raisons pour lesquelles certains patients atteints de troubles mentaux deviennent violents, tandis que d'autres non, restent encore mal comprises.

 

Mise à jour le 28/10/2025


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Sources :

  

(1) Risque d'homicide et troubles mentaux majeurs: un examen critique

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20004282/

(2) Homicide et maladie mentale grave : quelles sont les différences sociodémographiques, cliniques et criminologiques entre des meurtriers malades mentaux graves et ceux indemnes de troubles psychiatriques ? - 16/09/09 S. Richard-Devantoy, A.-S. Chocard, M.-C. Bourdel, B. Gohier, J.-P. Duflot, J.-P. Lhuillier, J.-B. Garré

https://www.em-consulte.com/article/225882/homicide-et-maladie-mentale-grave-quelles-sont-les

(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_codes_DSM-IV

- Les problèmes de santé mentale, en augmentation en 2020, impactent fortement l’activité des généralistes

https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/communique-de-presse/les-problemes-de-sante-mentale-en-augmentation-en-2020-impactent-fortement

- Homicide et troubles mentaux graves : étude comparative entre sujets souffrant de trouble délirant et de schizophrénie Marlène Juillard

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01653718