26/06/2025
Est-ce que la France est un pays sûre en 2025 ? Cette question préoccupe à juste titre de nombreux citoyens face aux débats médiatiques sur l'insécurité.
Selon le Global Peace Index 2025, référence mondiale en matière de classement de la paix, la France occupe une position pour le moins surprenante : 74e rang mondial et 27e sur 33 pays d'Europe
occidentale et centrale, ce qui en fait le pays le moins pacifique de cette région.
« Spoiler » : La qualification de pays le moins sécurisé d'Europe relève davantage de l’artifice statistique que de la réalité observée.
Cette réflexion se propose d'examiner de manière critique ce rapport en décryptant :
L'objectif consiste à fournir une vision équilibrée et scientifiquement rigoureuse de la situation sécuritaire française, au-delà des simplifications alarmantes que peuvent générer ces classements internationaux.
Le classement sécurité des pays d’Europe révèle une situation contrastée pour la France.
Avec un score de 1.967 sur l'échelle du Global Peace Index, elle se positionne derrière l'ensemble de ses voisins européens.
Cette performance la place dans le dernier quart des pays d'Europe occidentale et centrale, loin derrière :
L'écart avec les autres grandes puissances européennes est flagrant.
L'Allemagne, pourtant confrontée à des problématiques sécuritaires comparables, obtient un score supérieur de 0.434 points.
Le Royaume-Uni, malgré ses propres interventions militaires, devance la France de 0.333 points.
Cette différence s'explique principalement par les scores obtenus dans le domaine de la militarisation, où la France affiche des performances particulièrement faibles.
L'analyse révèle une dégradation progressive de la position française depuis 2020.
Cette détérioration s'explique notamment par :
L'examen détaillé des indicateurs de sécurité en France révèle une situation plus nuancée que ne le suggère le classement global.
Le taux d'homicides français (1.2 pour 100 000 habitants) reste proche de la moyenne européenne (1.0) et continue sa tendance baissière amorcée depuis 2010.
La criminalité évaluée à 2/5 sur l'échelle du GPI, se situe dans une fourchette acceptable pour un pays développé.
La perception, même subjective, de la criminalité constitue un indicateur révélateur :
Cette légère surreprésentation s'explique par la surmédiatisation accrue des faits divers et l'impact psychologique des attentats de 2015-2017.
L'impact du terrorisme, bien que géré efficacement par les autorités, continue d'influencer la perception collective de la sécurité.
Les indicateurs de stabilité politique placent la France dans une situation favorable (score 2/5), témoignant de la solidité des institutions démocratiques.
Selon le rapport : « Les manifestations violentes, évaluées à 3/5, reflètent une tradition contestataire française sans pour autant révéler une instabilité systémique. »
Les biais méthodologiques du Global Peace Index affectent particulièrement la France dans le domaine de la militarisation, qui représente 55 % du score de ce domaine.
La possession d'armes nucléaires entraîne automatiquement l'attribution du score maximal (5/5), sans distinction entre dissuasion défensive et menace offensive.
Cette approche pénalise mécaniquement toutes les puissances nucléaires, indépendamment de leur politique de défense.
Le GPI traite uniformément les exportations d'armes, sans distinguer les ventes encadrées par des traités internationaux aux alliés démocratiques des livraisons à des régimes instables.
La France, 2e exportateur mondial, subit obligatoirement cette pénalisation.
Onze des vingt-trois indicateurs reposent sur des évaluations qualitatives réalisées par l'Economist Intelligence Unit, structure britannique.
Cette approche introduit potentiellement des biais de perception anglo-saxons dans l'appréciation des réalités sécuritaires françaises, particulièrement concernant les relations avec les pays
voisins et l'évaluation de la criminalité violente.
Qualifier la France de pays le moins sécurisé en Europe nécessite une mise en perspective avec d'autres indices reconnus.
Le Global Terrorism Index 2024 classe la France au 30e rang mondial, soit 44 places au-dessus du GPI.
Le Fragile States Index la positionne parmi les 20 pays les plus stables, et l'indice Safety & Security du Forum économique mondial la place dans le top 25 global.
L'analyse de sensibilité révèle que 30 % des comparaisons du GPI dépendent des pondérations choisies.
Une modification de la pondération entre paix interne (actuellement 60 %) et externe (40 %) pourrait améliorer la position française.
De même, la distinction entre militarisation offensive et défensive modifierait les résultats.
L'écart entre le classement GPI et les indicateurs objectifs de sécurité sociétale suggère que la France souffre davantage d'un « effet de perception » que d'une dégradation réelle de sa sécurité
intérieure.
Les données de victimisation directe et les statistiques policières confirment une situation sécuritaire stable, voire en amélioration sur certains aspects.
L'évaluation de la sécurité nationale nécessite une approche méthodologique diversifiée, combinant indicateurs quantitatifs vérifiables et analyses qualitatives contextualisées.
La dépendance excessive à un unique indice risque de produire des conclusions trompeuses.
La communication autour des indices internationaux devrait systématiquement inclure leurs limites méthodologiques et leurs biais potentiels.
Cette transparence permettrait une interprétation plus éclairée des résultats et éviterait les simplifications abusives dans le débat public sur la sécurité.
La question : Est-ce que la France est un pays sûre en 2025 ? appelle une réponse nuancée, dépassant la simplicité apparente du classement Global Peace Index.
Si la 74e position mondiale interpelle, l'analyse critique révèle que cette évaluation résulte largement de choix méthodologiques contestables, particulièrement concernant la militarisation et
les opérations extérieures.
La sécurité sociétale française demeure dans les standards européens, avec des indicateurs de criminalité stables et des institutions démocratiques « solides ».
Cette situation illustre la nécessité d'une approche critique des indices internationaux, qui doivent être analysés comme des outils imparfaits plutôt que comme des vérités absolues.
L'enjeu méthodologique dépasse le cas français : il concerne la capacité collective à développer une culture de sécurité fondée sur la rigueur scientifique plutôt que sur des simplifications
médiatiques.
Cette exigence de rigueur constitue le préalable indispensable à toute politique publique efficace et à toute évaluation personnelle éclairée des risques sécuritaires.
Quel est le rapport entre la maîtrise de soi et l'agression ? L'échec de la maîtrise de soi joue un rôle essentiel dans de nombreux actes d'agression et de violence
Combat clandestin en France ? Les combats clandestins actuels ne sont qu'une variante non réglementée d'une pratique millénaire.