18/09/2025
Cette analyse révèle que les schémas de victimisation selon le sexe dans les homicides par objets tranchants ne constituent pas simplement des différences statistiques :
Comprendre ces distinctions est essentiel pour affiner les politiques de sécurité et adapter la prévention aux caractéristiques spécifiques des crimes selon le genre.
Les hommes victimes d’homicides par objets tranchants en Europe sont en majorité tués dans des espaces publics ou semi-publics (63,6 %).
Cette surreprésentation s’explique par une socialisation fondée sur :
Ces environnements favorisent des interactions compétitives et l’escalade violente, typiques de la culture masculine européenne.
La plupart des agressions létales interviennent entre 18 h 00 et 6 h 00, avec un pic le week-end, soit durant les périodes propices aux « routines d’activité »
masculines.
À l’inverse, 76,5 % des femmes victimes succombent à domicile, réfutant le mythe du foyer protecteur.
Cette victimisation domestique, dépassant les frontières nationales, s’incarne dans des dynamiques familiales marquées par la domination et les rapports de pouvoir inégalitaires.
Contrairement à la temporalité épisodique masculine, les femmes peuvent être victimes à toute heure, avec une légère concentration le dimanche soir, miroir du stress conjugal
accru.
Cette exposition constante conforte l’idée d’une violence genrée persistante dans le huis clos familial.
Les hommes sont le plus souvent tués par des amis ou des connaissances (54,5 %), voire dans des situations impliquant des relations égalitaires où les conflits d’honneur et rivalités sont monnaie courante.
L’acte meurtrier s’inscrit dans une dynamique de domination verticale, ancrée dans des logiques de contrôle coercitif et de possession conjugale.
Les principaux déclencheurs sont les tentatives de séparation ou de rupture, renforçant la dimension possessive et irrégulière de la criminalité envers les femmes
Les contextes masculins d'homicide par objets tranchants s’accompagnent fréquemment de consommation d’alcool ou de drogues (65 % des hommes victimes contre 23 %
des femmes).
Ces substances jouent un rôle catalyseur dans la désinhibition, facilitant l’escalade vers la violence létale lors de disputes ou de provocations.
La rencontre entre alcool, l’accès facile à une arme blanche et le contexte de confrontation produit une « tempête parfaite » d’impulsivité meurtrière.
Ainsi, 89 % des homicides masculins sont non planifiés et surviennent à la suite d’une perte de contrôle.
Les hommes victimes présentent dans 47 % des cas des antécédents de violence, contre seulement 18 % pour les femmes.
Ce constat traduit l’intégration de la violence dans le parcours de vie masculin comme régulateur des conflits interpersonnels.
L’univers criminogène des hommes expose davantage à des contextes où la violence est stratégiquement mobilisée et tolérée.
La plupart des situations fatales masculines naissent d’altercations mineures (par ex. : une remarque, une bière renversée).
Pourtant, derrière cette apparente banalité, on observe une imposition sans contrôle possible de la masculinité, où l’honneur et la réputation justifient le recours aux armes.
Du côté des femmes, 33,3 % des victimes présentent des blessures multiples.
La survenue d’un acharnement, souvent motivé par un lien émotionnel fort (jalousie, possession, violence conjugale chronique), se traduit par une variété de causes de décès (traumatismes
contondants, usage prolongé d’objets tranchants).
Cette diversité de procédés, plus marquée que chez les hommes, traduit la spécificité traumatique de la victimisation féminine.
Les hommes succombent majoritairement à des blessures directes (armes blanches ou à feu) dans le cadre d’assauts frontaux ou de rixes soudaines, reflet de la violence statutaire masculine.
Dans les homicides d’hommes, la séquence est brève :
S’ensuivent une fuite (dans 67 % des cas) ou un appel aux secours, manifestant une prise de conscience rapide du passage à l’acte.
Pour les femmes, la séquence est longue et cyclique :
Ce schéma est symptomatique d’une violence domestique systémique, où l’homicide constitue l’issue tragique d’un processus de domination et de contrôle accumulé sur la durée.
Après l’acte, les réactions sont souvent marquées par le choc ou la paralysie
La socialisation masculine valorise :
Tandis que la socialisation féminine privilégie l’évitement du conflit et la recherche de protection, ce qui les expose paradoxalement à la violence domestique.
Deux économies morales émergent :
Les victimes masculines subissent souvent une stigmatisation sociale (« mort logique d’un délinquant »), or la compassion et la prévention ciblée sont réservées davantage aux femmes, perçues
comme victimes innocentes d’un système patriarcal.
Ce narratif structure les réponses institutionnelles :
La réponse politique s’est organisée selon ces schémas :
Bien que stratégiques, ces choix compartimentent la compréhension du phénomène global, masquant l’unité structurelle des violences par objets tranchants.
L’étude des statistiques des homicides par objets tranchants : femmes vs hommes permet de dépasser la simple quantification des crimes.
Elle éclaire la structuration socioculturelle de l’exposition différentielle au risque de mort violente selon le genre.
Les scénarios comportementaux intériorisés, les dynamiques relationnelles asymétriques et les contextes sociaux façonnent des mécanismes causaux distincts.
Cela impose des stratégies de prévention et des politiques de sécurité adaptées à ces réalités complexes :
Dans quels lieux les femmes subissent-elles le plus d'agressions au couteau ? Le domicile demeure le lieu principal de violence, avec des caractéristiques spécifiques liées aux relations intimes et à l'isolement...
Sources :
- https://link.springer.com/article/10.1007/s12024-024-00847-y
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC7219188/
- https://link.springer.com/article/10.1007/s43576-024-00127-3
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC10272321/
- https://www.journals.uchicago.edu/doi/10.1086/678329
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC9326256/
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC10710349/
- https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/14773708221103799
- https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/1556-4029.13673
- https://ciss-journal.org/article/view/11571
- https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/0011392120932972
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC6328993/
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC8201843/