L'Écosse a-t-elle vraiment réduit sa criminalité au couteau ? Cette question cruciale n’interpelle peut-être que les experts en sécurité publique outre-manche et les citoyens soucieux de
prévention, mais elle est primordiale.
Depuis 2005, l'Écosse affiche des résultats contrastés selon les indicateurs analysés. Les statistiques révèlent une diminution significative des décès par armes tranchantes, passant de 57
homicides en 2008-2009 à 28 en 2023-2024.
Parallèlement, les admissions hospitalières pour agressions au couteau ont chuté de 69 %.
Cependant, cette amélioration masque une réalité bien plus laborieuse dans son analyse, notamment une recrudescence récente des crimes de possession d'armes blanches.
L'Écosse porte une réputation séculaire de violence, particulièrement liée aux gangs de jeunes utilisant des couteaux dans les espaces publics.
Cette notoriété remonte aux « razor gangs » des années 1920 et 1930, évoluant vers le titre peu enviable de « capitale européenne de l'homicide » en 2005.
Ces problèmes se concentraient principalement dans l'ouest de l'Écosse, LM de Glasgow.
Les agressions en Écosse présente des particularités distinctives. L'analyse de la base de données écossaise des homicides entre 2000 et 2015 révèle que 25 % des homicides appartiennent au type
de « rivalité de gangs ».
Ces incidents impliquent typiquement de jeunes hommes ennemis ou rivaux dans des lieux publics, souvent motivés par des conflits persistants.
Les victimes étaient généralement sous l'influence de drogues ou d'alcool, et l'arme de prédilection demeurait le couteau, bien qu'un cinquième des cas impliquaient des armes à feu.
Les données montrent que la méthode la plus courante pour tuer au cours des dix dernières années reste l'utilisation d'un instrument tranchant.
Cette constance chiffrée illustre l'enracinement culturel de l'usage du couteau dans la criminalité violente écossaise.
Les statistiques révèlent également que les incidents de violence publique avec armes représentaient 24 % de tous les incidents violents non-sexuels analysés.
L'analyse statistique révèle que tous les types d'homicides ont diminué en valeur absolue, mais à des rythmes différents.
Les homicides de type « rivalité de gangs » ont enregistré la plus forte diminution relative, tandis que les féminicides domestiques ont connu la plus faible réduction.
Cette évolution différenciée explique en grande partie la diminution globale des homicides en Écosse.
Les incidents impliquant des gangs de jeunes utilisant des armes dans les lieux publics ont apporté la plus grande contribution à la réduction des homicides et autres formes de brutalité en
Écosse.
Spécifiquement, la violence de type « arme publique » a connu la plus importante diminution relative parmi tous les types de violence analysés.
Cette catégorie, similaire aux homicides de rivalité de gangs, impliquait principalement de jeunes hommes utilisant généralement un couteau ou un instrument tranchant.
Le « Public Health Scotland » utilise les admissions hospitalières pour agression au couteau comme indicateur d'évaluation de l'impact des crimes commis au couteau.
Les chiffres montrent une diminution spectaculaire : 1 414 admissions en 2008-2009 contre 438 en 2023-2024, soit une baisse de 69 %.
Cette métrique corrobore la tendance observée dans les statistiques d'homicides.
L'Écosse a adopté une approche novatrice en traitant la violence comme une crise de santé publique depuis la création de l'unité de réduction de cette cruauté (VRU) en 2005.
Cette stratégie a contribué à la réduction des meurtres et de la violence des gangs en Écosse.
L'approche se distingue par son caractère préventif et multidisciplinaire.
La « Violence Reduction Unit » et la campagne éducative « No Knives Better Lives » visaient spécifiquement à réduire la violence de rue des gangs et la criminalité au couteau, particulièrement
chez les jeunes hommes.
Ces stratégies semblent avoir été efficaces selon les données disponibles, bien qu'il existe peu d'évaluations formelles de ces interventions.
Les résultats suggèrent que les stratégies visant ce type de délits publics impliquant des armes tranchantes chez les jeunes hommes ont été efficaces.
En revanche, les stratégies destinées à réduire les formes domestiques de violence et d'homicide semblent avoir été moins performantes.
Cette disparité indique qu'une approche universelle de lutte contre la violence présente des limites.
Malgré la tendance générale à la baisse, l'affirmation d'une diminution « soutenue » des crimes au couteau est contredite par les données récentes.
Le chiffre de 28 homicides en 2023-2024 représente une augmentation par rapport au minimum de 23 enregistrés en 2013-2014.
Cette fluctuation questionne la durabilité des progrès accomplis.
Les statistiques sur la possession d'armes blanches révèlent malgré tout une tendance préoccupante.
Entre 2017-2018 et 2023-2024, les crimes impliquant un couteau utilisé dans une autre infraction ont augmenté de 1 595 à 2 137 cas.
Parallèlement, les crimes de possession simple ont progressé de 2 140 à 2 582 cas. Ces augmentations contrastent avec la baisse des homicides.
L'évolution des méthodes de comptabilisation des crimes complique l'analyse longitudinale.
Avant 2017-2018, l'Écosse n'enregistrait que les crimes pour lesquels l'arme n'était pas utilisée dans une autre infraction.
Cette modification méthodologique limite la comparaison des données sur quinze ans et peut influencer l'interprétation des tendances.
Ces données statistiques écossaises offrent des perspectives précieuses pour l'enseignement de la self-défense.
Dans ce pays ou la prédominance, des agressions au couteau se déroulent dans les espaces publics, particulièrement entre jeunes hommes sous influence, suggèrent des scénarios d'entraînement
spécifique.
Par contre ce n’est pas forcément le cas en France. Les formateurs doivent donc adapter leurs programmes en se concentrant sur la gestion environnementale spécifique impliquant des armes
blanches.
L'analyse révèle que 25 % des homicides de type « rivalité de gangs » impliquent une préméditation, les agresseurs apportant l'arme sur les lieux.
Cette donnée souligne l'importance de la vigilance sociale et de la détection précoce des signaux de danger.
La diminution des violences publiques avec armes contraste avec la persistance d'autres formes de violence.
Cette réalité impose une approche différenciée en self-défense, adaptée aux contextes spécifiques :
L'efficacité des stratégies écossaises contre la violence de gang suggère que les approches ciblées produisent de meilleurs résultats que les méthodes répressives génériques.
De ce fait, est ce que l'Écosse a réduit sa criminalité au couteau ? La réponse demeure nuancée.
Les statistiques démontrent incontestablement une diminution significative des homicides par armes tranchantes et des admissions hospitalières pour agressions au couteau.
Cette amélioration résulte principalement de la baisse des violences entre gangs de jeunes dans les espaces publics.
Cependant, l'augmentation récente des crimes de possession d'armes blanches et la stagnation relative des autres formes de violence tempèrent cet optimisme.
L'expérience écossaise illustre la complexité des phénomènes criminels et la nécessité d'approches multifactorielles.
Pour les professionnels de la sécurité et de la self-défense, ces données soulignent l'importance d'une compréhension fine des contextes et des profils comportementaux pour développer des
stratégies préventives vraiment efficaces.
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Sources :
- https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/13624806231208432
- https://theferret.scot/claim-knife-crime-has-reduced-is-half-true/
- https://www.noknivesbetterlives.com/
- https://en.wikipedia.org/wiki/Violence_Reduction_Unit
- https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.2752/147800407X243505
- https://academic.oup.com/bjc/article-abstract/60/5/1368/5843313?redirectedFrom=fulltext&login=false