20/10/2025

Homicides par arme blanche : homme ou femme ?

La question des différences de sexe dans les crimes mortels révèle des schémas comportementaux distincts entre auteurs masculins et féminins.

Les statistiques internationales sur les homicides par arme blanche démontrent une distorsion frappante : 

  • Les femmes auteures utilisent quasi-exclusivement le couteau, représentant entre 73 et 89 % des cas selon les études
  • Alors que les hommes auteurs diversifient leurs moyens entre armes blanches (43 à 52 %) et armes à feu (35 à 49 %)

Cette différence dans le choix de l'instrument mortel constitue l'un des marqueurs les plus importants des violences mortelles selon les sexes.

Comprendre ces spécificités permet d'identifier les facteurs de risque spécifiques du crime violent contemporain.

Répartition des types d'armes utilisées dans les homicides par les femmes et les hommes auteurs
Répartition des types d'armes utilisées dans les homicides par les femmes et les hommes auteurs

Violences mortelles : répartition selon le sexe

Proportion d'auteurs et tendances démographiques

Les violences mortelles demeurent un phénomène majoritairement masculin dans toutes les sociétés étudiées.

Une recherche suédoise couvrant la période 1990-2010 révèle que sur 1 570 cas recensés, 90,4 % des auteurs étaient des hommes contre seulement 9,6 % de femmes.

Cette proportion reste stable dans le temps, indiquant une constante sociologique profonde :

  • Les statistiques internationales confirment ce ratio, avec 9 homicides sur 10 commis par des hommes.

La fréquence des violences mortelles a néanmoins diminué durant cette période d'observation, tant pour les auteurs masculins que féminins.

Cette baisse concerne aussi bien les crimes impliquant des armes blanches que d'autres modalités et s'observe dans plusieurs pays européens comme le Danemark, la Finlande et les Pays-Bas.

Profils victimologiques différenciés

Les victimes des homicides par arme blanche varient significativement selon le sexe de l'auteur.

Les femmes auteures ciblent plus fréquemment des victimes masculines, notamment leur partenaire intime.

À l'inverse, les hommes auteurs diversifient davantage leurs victimes, incluant :

  • Des connaissances
  • Des inconnus
  • Et d'autres hommes dans des contextes de conflits interpersonnels

Les agressions mortelles commises par des femmes surviennent dans près de 89 % des cas au domicile, proportion nettement supérieure aux crimes masculins.

Ce confinement spatial reflète la nature relationnelle de ces violences. Un historique de violence antérieure entre victime et auteure caractérise davantage les crimes féminins.

Différences entre les hommes et les femmes dans le choix des armes

Prédominance du couteau chez les femmes auteures

Le couteau constitue l'arme privilégiée des femmes dans les homicides, dans 73 à 89 % des cas selon les juridictions étudiées.

Cette préférence contraste avec la diversification observée chez les auteurs masculins.

Plusieurs hypothèses expliquent ce phénomène : 

  • L'accessibilité domestique du couteau
  • La moindre force physique nécessaire comparée à d'autres armes blanches
  • Et la proximité émotionnelle des crimes.

Dans les agressions mortelles au domicile, le couteau ne requiert également ni planification compliqué, ni acquisition spécifique d'arme.

Statistiques comparatives des homicides par arme blanche selon le sexe de l'auteur
Statistiques comparatives des homicides par arme blanche selon le sexe de l'auteur

Diversification des armes chez les hommes auteurs

Les hommes auteurs démontrent une plus grande variété dans le choix des armes pour commettre des crimes violents.
 
Cette diversification reflète un accès différencié aux armes et des contextes criminels variés :

  • Les homicides par arme à feu concernent davantage les conflits entre hommes dans l'espace public. 

Les statistiques américaines montrent justement que le taux d'homicides par arme à feu chez les hommes est 5 fois supérieur à celui des femmes.

Les armes blanches utilisées par les hommes incluent non seulement les couteaux mais également des instruments contondants et d'autres objets transformés en armes.

Le choix dépend souvent du contexte : 

  • Agressions de rue
  • Trafic de drogue
  • Ou violences interpersonnelles

Moins de différences quand la victime était un enfant

Convergence des comportements criminels

Lorsque la victime est un enfant de moins de 15 ans, les différences entre auteurs masculins et féminins s'atténuent considérablement.

Cette convergence constitue une exception aux schémas de différences de sexe observés dans les homicides d'adultes :

  • Les femmes représentent plus d'un tiers des auteurs d'homicides d'enfants, alors qu'elles ne constituent que 10 % des auteurs lorsque la victime est adulte.

Les statistiques sur l'infanticide révèlent que les mères sont les principales auteures des homicides néonataux et infantiles. Les motifs incluent la dissimulation de grossesse, les troubles mentaux périnatale et le manque de soutien social.

Les hommes auteurs d'homicides d'enfants agissent davantage dans des contextes de maltraitance ou de frustration parentale.

Méthodes spécifiques dans les crimes contre enfants

Une distinction persiste néanmoins dans les méthodes employées. Les femmes auteures utilisent plus fréquemment l'asphyxie pour tuer des enfants, comparé aux hommes.

Cette modalité, incluant la suffocation et l'étouffement, caractérise particulièrement les néonaticides (1) et infanticides maternels.

Les hommes, eux, utilisent davantage les coups et les traumatismes contondants dans les agressions mortelles d'enfants.

Les armes blanches apparaissent moins fréquemment que dans les homicides d'adultes, quelle que soit le sexe de l'auteur.

Le suicide consécutif affecte autant les hommes que les femmes auteures, contrairement aux observations dans d'autres pays.

Différentes classifications juridiques et psychiatriques

Classifications pénales selon le genre

Les classifications juridiques des homicides par arme blanche diffèrent selon le sexe de l'auteur.

Les crimes commis par des femmes sont plus fréquemment qualifiés d'homicide involontaire ou d'infanticide, tandis que ceux commis par des hommes reçoivent davantage la qualification de meurtre ou d'homicide involontaire par coups et blessures.

  • L'infanticide représente une catégorie juridique spécifique applicable uniquement aux femmes dans plusieurs systèmes légaux.

Cette classification reconnaît les circonstances particulières entourant la mort d'un nouveau-né par sa mère, notamment les troubles psychiatriques.

Les statistiques judiciaires montrent une application différenciée des peines selon le sexe, les femmes recevant généralement des sentences moins sévères pour ces homicides.

Les circonstances aggravantes varient également. La préméditation et la brutalité impactent davantage les sentences masculines.

Pour les femmes auteures, hors infanticide, la provocation de la victime constitue un facteur atténuant plus fréquemment retenu. Cette asymétrie reflète les stéréotypes de genre dans l'appareil judiciaire.

Troubles mentaux et responsabilité pénale

Les femmes auteures d'homicides par arme blanche présentent plus fréquemment des troubles mentaux sévères diagnostiqués au moment des faits : 

  • Environ 60 % contre 40 % chez les hommes.

Cette prédominance influence les décisions judiciaires concernant la responsabilité pénale.

  • Les troubles de l'humeur caractérisent davantage les femmes, tandis que les troubles psychotiques affectent les deux sexes.

Les évaluations psychiatriques concluent plus souvent à une irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental chez les femmes auteures.

Cette différence s'explique partiellement par la nature des pathologies : 

  • Les troubles dépressifs majeurs sont surreprésentés chez les femmes
  • Les hommes auteurs présentent davantage de troubles liés aux substances et de troubles de la personnalité antisociale.

Les femmes recherchent plus fréquemment de l'aide médicale avant de commettre un crime violent, avec un délai moyen de 18,6 jours entre le contact avec les services de santé mentale et l'homicide, contre 101,3 jours pour les hommes.

Cette fenêtre temporelle réduite suggère des opportunités d'intervention préventive insuffisamment exploitées.

Comparaison des caractéristiques des homicides selon le sexe de l'auteur
Comparaison des caractéristiques des homicides selon le sexe de l'auteur

Alcool ou drogues courants dans les contextes criminels

Influence des substances chez les auteurs adultes

L'influence de l'alcool ou des drogues constitue le facteur majeur dans les homicides par arme blanche impliquant des victimes adultes.

  • Environ 70 % des auteurs, indépendamment du sexe, commettent le crime sous l'emprise de substances lorsque la victime est adulte.

L'alcool représente la substance la plus fréquemment détectée dans les cas d'agressions mortelles. Les homicides surviennent souvent durant les week-ends et périodes festives, moments de consommation accrue.

En Afrique du Sud, 41 % des homicides entre membres d'une même famille et 50 % entre connaissances impliquent la consommation d'alcool par l'auteur.

Les contextes récréatifs, notamment les bars et établissements nocturnes, concentrent une proportion élevée d'homicides masculins. Les statistiques danoises révèlent que 84,2 % des victimes masculines hors contexte domestique étaient tuées dans des contextes d'intoxication.

Les femmes commettent moins fréquemment leurs crimes dans ces environnements publics.

Rôle des substances dans les homicides domestiques

Dans le cadre domestique, les substances jouent un rôle ambigu. Les victimes sont fréquemment sous influence au moment de l'agression, particulièrement dans les homicides commis par des femmes.

Cette intoxication de la victime peut constituer un facteur déclenchant, notamment dans les contextes de violence conjugale durable.

Les statistiques sur les violences conjugales mortelles montrent que la consommation d'alcool par le partenaire masculin précède couramment l'homicide commis par la femme. L'alcool amplifiant l'agressivité et réduisant l'inhibition, créant des situations à risque élevé.

Les drogues apparaissent moins fréquemment que l'alcool, représentant environ 9 % des cas d'homicides globalement. Toutefois, leur présence augmente la létalité des agressions et complique les interventions préventives.

Les troubles liés aux substances constituent un facteur de risque important pour la violence létale, tant comme victime que comme auteur.

Conclusion

L'analyse des homicides par arme blanche révèle des différences marquées entre auteurs masculins et féminins, tant dans le choix des instruments létaux que dans les contextes criminels.

Les femmes privilégient massivement le couteau, tandis que les hommes diversifient entre armes blanches et armes à feu.

Ces différences reflètent des dynamiques sociales, psychologiques et situationnelles distinctes nécessitant des approches adaptées à chaque profil d'auteur.

  • Pour les femmes, l'accent devrait porter sur le dépistage précoce des troubles mentaux, l'accompagnement des situations de violence conjugale et le soutien périnatal
  • Pour les hommes, la régulation de l'accès aux armes à feu, la prévention de la consommation excessive d'alcool constituent les priorités

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