20/10/2025
La question des différences de sexe dans les crimes mortels révèle des schémas comportementaux distincts entre auteurs masculins et féminins.
Les statistiques internationales sur les homicides par arme blanche démontrent une distorsion frappante :
Cette différence dans le choix de l'instrument mortel constitue l'un des marqueurs les plus importants des violences mortelles selon les sexes.
Comprendre ces spécificités permet d'identifier les facteurs de risque spécifiques du crime violent contemporain.
Les violences mortelles demeurent un phénomène majoritairement masculin dans toutes les sociétés étudiées.
Une recherche suédoise couvrant la période 1990-2010 révèle que sur 1 570 cas recensés, 90,4 % des auteurs étaient des hommes contre seulement 9,6 % de
femmes.
Cette proportion reste stable dans le temps, indiquant une constante sociologique profonde :
La fréquence des violences mortelles a néanmoins diminué durant cette période d'observation, tant pour les auteurs masculins que féminins.
Cette baisse concerne aussi bien les crimes impliquant des armes blanches que d'autres modalités et s'observe dans plusieurs pays européens comme le Danemark, la Finlande et les Pays-Bas.
Les victimes des homicides par arme blanche varient significativement selon le sexe de l'auteur.
Les femmes auteures ciblent plus fréquemment des victimes masculines, notamment leur partenaire intime.
À l'inverse, les hommes auteurs diversifient davantage leurs victimes, incluant :
Les agressions mortelles commises par des femmes surviennent dans près de 89 % des cas au domicile, proportion nettement supérieure aux crimes masculins.
Ce confinement spatial reflète la nature relationnelle de ces violences. Un historique de violence antérieure entre victime et auteure caractérise davantage les crimes féminins.
Le couteau constitue l'arme privilégiée des femmes dans les homicides, dans 73 à 89 % des cas selon les juridictions étudiées.
Cette préférence contraste avec la diversification observée chez les auteurs masculins.
Plusieurs hypothèses expliquent ce phénomène :
Dans les agressions mortelles au domicile, le couteau ne requiert également ni planification compliqué, ni acquisition spécifique d'arme.
Les hommes auteurs démontrent une plus grande variété dans le choix des armes pour commettre des crimes violents.
Cette diversification reflète un accès différencié aux armes et des contextes criminels variés :
Les statistiques américaines montrent justement que le taux d'homicides par arme à feu chez les hommes est 5 fois supérieur à celui des femmes.
Les armes blanches utilisées par les hommes incluent non seulement les couteaux mais également des instruments contondants et d'autres objets transformés en armes.
Le choix dépend souvent du contexte :
Lorsque la victime est un enfant de moins de 15 ans, les différences entre auteurs masculins et féminins s'atténuent considérablement.
Cette convergence constitue une exception aux schémas de différences de sexe observés dans les homicides d'adultes :
Les statistiques sur l'infanticide révèlent que les mères sont les principales auteures des homicides néonataux et infantiles. Les motifs incluent la dissimulation de grossesse, les troubles
mentaux périnatale et le manque de soutien social.
Les hommes auteurs d'homicides d'enfants agissent davantage dans des contextes de maltraitance ou de frustration parentale.
Une distinction persiste néanmoins dans les méthodes employées. Les femmes auteures utilisent plus fréquemment l'asphyxie pour tuer des enfants, comparé aux hommes.
Cette modalité, incluant la suffocation et l'étouffement, caractérise particulièrement les néonaticides (1) et infanticides maternels.
Les hommes, eux, utilisent davantage les coups et les traumatismes contondants dans les agressions mortelles d'enfants.
Les armes blanches apparaissent moins fréquemment que dans les homicides d'adultes, quelle que soit le sexe de l'auteur.
Le suicide consécutif affecte autant les hommes que les femmes auteures, contrairement aux observations dans d'autres pays.
Les classifications juridiques des homicides par arme blanche diffèrent selon le sexe de l'auteur.
Les crimes commis par des femmes sont plus fréquemment qualifiés d'homicide involontaire ou d'infanticide, tandis que ceux commis par des hommes reçoivent davantage la qualification de meurtre ou
d'homicide involontaire par coups et blessures.
Cette classification reconnaît les circonstances particulières entourant la mort d'un nouveau-né par sa mère, notamment les troubles psychiatriques.
Les statistiques judiciaires montrent une application différenciée des peines selon le sexe, les femmes recevant généralement des sentences moins sévères pour ces homicides.
Les circonstances aggravantes varient également. La préméditation et la brutalité impactent davantage les sentences masculines.
Pour les femmes auteures, hors infanticide, la provocation de la victime constitue un facteur atténuant plus fréquemment retenu. Cette asymétrie reflète les stéréotypes de genre dans l'appareil
judiciaire.
Les femmes auteures d'homicides par arme blanche présentent plus fréquemment des troubles mentaux sévères diagnostiqués au moment des faits :
Cette prédominance influence les décisions judiciaires concernant la responsabilité pénale.
Les évaluations psychiatriques concluent plus souvent à une irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental chez les femmes auteures.
Cette différence s'explique partiellement par la nature des pathologies :
Les femmes recherchent plus fréquemment de l'aide médicale avant de commettre un crime violent, avec un délai moyen de 18,6 jours entre le contact avec les services de santé
mentale et l'homicide, contre 101,3 jours pour les hommes.
Cette fenêtre temporelle réduite suggère des opportunités d'intervention préventive insuffisamment exploitées.
L'influence de l'alcool ou des drogues constitue le facteur majeur dans les homicides par arme blanche impliquant des victimes adultes.
L'alcool représente la substance la plus fréquemment détectée dans les cas d'agressions mortelles. Les homicides surviennent souvent durant les week-ends et périodes festives, moments de
consommation accrue.
En Afrique du Sud, 41 % des homicides entre membres d'une même famille et 50 % entre connaissances impliquent la consommation d'alcool par l'auteur.
Les contextes récréatifs, notamment les bars et établissements nocturnes, concentrent une proportion élevée d'homicides masculins. Les statistiques danoises révèlent que 84,2 %
des victimes masculines hors contexte domestique étaient tuées dans des contextes d'intoxication.
Les femmes commettent moins fréquemment leurs crimes dans ces environnements publics.
Dans le cadre domestique, les substances jouent un rôle ambigu. Les victimes sont fréquemment sous influence au moment de l'agression, particulièrement dans les homicides commis par des
femmes.
Cette intoxication de la victime peut constituer un facteur déclenchant, notamment dans les contextes de violence conjugale durable.
Les statistiques sur les violences conjugales mortelles montrent que la consommation d'alcool par le partenaire masculin précède couramment l'homicide commis par la femme. L'alcool amplifiant
l'agressivité et réduisant l'inhibition, créant des situations à risque élevé.
Les drogues apparaissent moins fréquemment que l'alcool, représentant environ 9 % des cas d'homicides globalement. Toutefois, leur présence augmente la létalité des agressions et
complique les interventions préventives.
Les troubles liés aux substances constituent un facteur de risque important pour la violence létale, tant comme victime que comme auteur.
L'analyse des homicides par arme blanche révèle des différences marquées entre auteurs masculins et féminins, tant dans le choix des instruments létaux que dans les contextes criminels.
Les femmes privilégient massivement le couteau, tandis que les hommes diversifient entre armes blanches et armes à feu.
Ces différences reflètent des dynamiques sociales, psychologiques et situationnelles distinctes nécessitant des approches adaptées à chaque profil d'auteur.
Criminalité par arme blanche chez les sans-abris La problématique de la criminalité par arme blanche chez les sans-abris constitue un enjeu de société et de sécurité publique urbaine qui ne sera jamais résolu...
Sources :
(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9onaticide
- https://journals.sagepub.com/doi/10.1080/14999013.2016.1152615
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC11953208/
- https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/14773708221103799
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC7219188/
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC2712302/
- https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/0011392120932972
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC7849130/
- https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0306624X17740555
- https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/17440572.2023.2211513?needAccess=true&role=button
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC9749976/
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC5862181/
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC4846035/
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC9179000/
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC2563475/