25/07/2025

Couteaux et pistolets : données comparées qui réfutent l’argument pro-armes

Couteaux et pistolets : données comparées qui réfutent l’argument pro-armes

Un examen international et multidisciplinaire des statistiques d’homicides, de criminologie et des réformes législatives confirme un constat majeur :

  • limiter l’accès aux armes à feu réduit la létalité globale sans provoquer de « compensation » par une explosion des agressions au couteau.

Ce dossier de vulgarisation scientifique approfondi présente les faits, démonte le mythe de la substitution et propose des pistes pour lutter efficacement contre la violence armée.

Les réformes sur les pistolets n’augmentent pas les attaques au couteau : analyse mondiale et chiffres clés

Schéma conceptuel comparant l’hypothèse de substitution d’arme et l’hypothèse d’instrumentalité des armes
Schéma conceptuel comparant l’hypothèse de substitution d’arme et l’hypothèse d’instrumentalité des armes

Que se passe-t-il quand on limite les armes à feu ?

Déclin accéléré de la mortalité par balle

Les réformes australienne (1996) et britannique (1997) illustrent parfaitement l’impact immédiat d’un contrôle strict : 

  • En Australie, le taux d’homicides par arme à feu a chuté deux fois plus vite que les autres formes de violence et aucun massacre armé n’a été enregistré depuis
  • Au Royaume-Uni, la part des homicides par ce type de moyen est tombée à 4 % durant  la période 2023/24

Absence de substitution mécanique vers le couteau

Contrairement à la multiplicité des arguments avancés par les lobbies contre la régulation, aucune explosion symétrique des meurtres au couteau n’a annulé ces gains.

Les données fédérales américaines montrent que les États ayant imposé un permis d’achat réduisent les homicides par arme à feu sans hausse corrélée des attaques à l’arme blanche.

Impact sanitaire net positif

Les estimations australiennes attribuent que plus de 200 vies ont été sauvées par an, tous moyens confondus, suite à la réforme de 1996.

Ce bénéfice sanitaire global démontre que la régulation est un outil efficace pour lutter contre la létalité violente.

Deux hypothèses rivales

L’instrumentalité des armes

La théorie de l’instrumentalité postule que la présence d’un fusil ou d’un revolver transforme un conflit potentiellement non létal en homicide, à cause de :

  • Sa portée
  • Sa rapidité
  • Et l’impossibilité pour la victime de se défendre

La théorie de la substitution

Le scénario de substitution prétend qu’un agresseur déterminé choisira un couteau si une arme de poing devient rare, maintenant ainsi la mortalité au même niveau.

Évaluations empiriques

Les analyses longitudinales de Zimring, Cook et Braga montrent que l’instrumentalité l’emporte :

  • Un revolver rend une rixe cinq fois plus meurtrière qu’un couteau identique en intention
  • Les études détectant une substitution partielle (par exemple les jeunes Londoniens) concluent qu’elle explique moins de 10 % des vies préservées par le recul des armes à feu.

La comparaison d’agressions similaires avec arme à feu vs couteau révèle que la victime a 3  à 7 fois plus de risques de mourir lorsqu’un pistolet est utilisé

Taux de létalité des armes de poing

À Chicago, le remplacement hypothétique d’une arme de poing par un couteau divise par cinq la probabilité de décès.

Dans 26 pays industrialisés, les agressions par arme à feu entraînent un taux de mortalité 3 à 7 fois supérieur à celui des agressions à l’arme blanche.

Taux de survie après attaque au couteau

Les services de traumatologie britanniques rapportent un taux de survie de 85 % pour les victimes de coups de couteau isolés, contre 30 % pour les blessures par balle équivalentes en localisation.

Implications pour la self-défense

Pour lutter contre les agressions, les formateurs doivent tenir compte de cette asymétrie : 

  • Malgré que les « experts » considèrent souvent le couteau comme l’arme la plus dangereuse en combat 
  • La probabilité de décès est démultipliée en présence d’une arme à feu
  • Elle est en effet plus dangereuse qu’une arme à feu à courte distance, car facilement dissimulable jusqu’à la dernière seconde et létale, la réalité statistique démontre le contraire

Les techniques de désarment de self-défense contre un couteau, bien que cruciales, s’inscrivent donc dans un risque mortel inférieur.

Tendances comparées des homicides par arme

Royaume-Uni : couteaux dominants mais peu létaux

La stricte régulation des armes en 1997 a fixé la part des homicides par pistolet à 4 %.

Les 262 meurtres au couteau représentent 46 % des homicides ; cependant, le taux global reste inférieur au pic des années 1990.

Répartition des homicides par type d’arme en Angleterre et au Pays de Galles (2023/24)
Répartition des homicides par type d’arme en Angleterre et au Pays de Galles (2023/24)

Graphique illustrant la distribution des homicides entre 2023 et 2024 en Angleterre et au Pays de Galles selon le type d’arme.

Australie : l’après-Port-Arthur

Le rachat de 700 000 armes semi-automatiques a supprimé les fusillades de masse depuis 1996.

La part des homicides au couteau a varié sans jamais compenser la baisse des décès par balle.

Amériques : un laboratoire de contrastes

Les États-Unis concentrent 80 % des homicides commis avec une arme à feu en 2023, tandis que le Canada, malgré des hausses ponctuelles de violences à l’arme blanche, maintient un taux d’homicides global dix fois inférieur.

En Amérique latine, l’interaction entre les inégalités et la circulation d’armes ravive des taux dépassant 20 pour 100 000 habitants.

Les lois restrictives sur les armes à feu ne déplacent pas la violence meurtrière vers les couteaux

Variabilité législative et résultats

La législation des États américains à régulation permissive (« shall issue ») affichent des taux d’agressions armées plus élevés, sans baisse reliée à des attaques au couteau.

Les États imposant un « permit-to-purchase » réduisent la mortalité par arme à feu de 10 à 15 % sans effet de surcompensation.

Facteurs socio-économiques modérateurs

La montée du « phénomène au couteau » au Royaume-Uni résulte surtout d’inégalités urbaines, de dynamiques de gangs et de la disponibilité domestique des lames.

Ces déterminants opèrent indépendamment du régime d’armes à feu, expliquant pourquoi la substitution reste marginale.

Programmes multifactoriels pour lutter

La combinaison d’un contrôle des armes et d’interventions sociales (rachat d’armes au Brésil, médiation de rue aux États-Unis) génère les baisses les plus durables de la létalité.

Tableau comparatif : effets relatifs des pistolets et couteaux sur la létalité

Tableau comparatif : effets relatifs des pistolets et couteaux sur la létalité
Tableau comparatif : effets relatifs des pistolets et couteaux sur la létalité

Conclusion critique et ouverture

L’examen des chiffres internationaux démontre que la comparaison entre couteaux et pistolets dans des données comparées réfutent l’argument pro-armes et n’est pas un slogan mais un constat empirique.

Restreindre l’accès aux pistolets abaisse significativement la létalité violente sans la déplacer vers l’usage des lames.

Les politiques efficaces associent :

  • Le contrôle des armes
  • La réduction des inégalités
  • Et des programmes de prévention

Poursuivre cette approche intégrée constitue la voie la plus crédible pour lutter contre les violences futures, tout en préservant la pertinence des formations de défense contre les couteaux destinées au grand public.


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