25/10/2025
Le couteau demeure l'un des symboles des attaques terroristes à l'impact psychologique le plus fort des années 2015-2024 en Europe.
Ce mode opératoire est largement dominé par la mouvance djihadiste, mais n'est pas exclusivement réservé à celle-ci.
L'arme blanche représente un vecteur privilégié pour les actes terroristes à faible profil technique, ne nécessitant qu'une préparation minimale et accessible à des acteurs isolés.
Les attentats au couteau en Europe s'inscrivent dans une dynamique composite où se mêlent :
Selon les rapports Europol TE-SAT (1), la décennie écoulée révèle une concentration marquée entre 2015 et 2018, suivie d'une stabilisation relative mais avec une persistance latente du phénomène.
Les attaques au couteau constituent une stratégie opérationnelle récurrente du
terrorisme contemporain en Europe.
Cette méthode requiert peu de moyens logistiques et techniques, permettant à des individus d'agir rapidement sans réseau organisé.
Entre 2015 et 2024, ce mode opératoire s'est imposé comme une signature privilégiée des acteurs isolés, particulièrement dans la mouvance djihadiste.
La période 2015-2018 marque l'apogée des attentats à l'arme blanche d'inspiration djihadiste en Europe.
Cette phase coïncide avec l'expansion territoriale de Daech et sa capacité de propagande médiatique appelant aux actions individuelles.
À partir de 2019, une inflexion s'observe avec une baisse des violences, compensée par des pics d'activité séparatiste et anarchiste.
L'Italie, l'Espagne et la Grèce connaissent notamment une recrudescence d'actions violentes motivées par des idéologies nationalistes ou d'extrême gauche entre 2022 et 2023.
Bien que la mouvance djihadiste reste majoritaire, l'analyse révèle une série de transformations dans le paysage terroriste européen. L'extrême droite, quoique très minoritaire, enregistre une
progression depuis 2020.
Les incidents attribués aux séparatistes ou anarchistes connaissent des variations selon les contextes nationaux spécifiques.
La catégorie « autres/non précisés » englobe des cas atypiques impliquant des troubles psychiatriques ou des motivations personnelles diverses.

La période 2015-2018 concentre la majorité absolue des attentats au couteau d'inspiration djihadiste recensés sur la décennie.
Cette intensification correspond à la phase d'expansion maximale du califat autoproclamé et à sa stratégie d'incitation aux attaques sur sol européen.
Les auteurs se caractérisent alors par des profils d’individus instables psychologiquement et radicalisés via internet, agissant seuls et ciblant des espaces publics.
À compter de 2019, les attaques au couteau d'obédience djihadiste diminuent significativement, oscillant entre 5 et 8 incidents annuels.
Cette décrue s'explique par l'effondrement territorial de Daech et le renforcement des dispositifs de surveillance antiterroriste en Europe.
Néanmoins, le mode opératoire perdure, témoignant de la durabilité de cette menace malgré la pression sécuritaire des gouvernements.
Parallèlement au recul djihadiste, l'extrême gauche et les mouvances anarchistes intensifient leurs actions violentes.
Entre 2021 et 2023, ces groupes comptabilisent entre 6 et 9 actes terroristes annuels, principalement en Italie et Grèce.
Les attentats séparatistes connaissent également des résurgences ponctuelles, atteignant 4 actes en 2022, motivés par des revendications nationalistes régionales.
L'extrême droite reste marginale avec un maximum de 3 cas en 2021.

Le rapport Europol 2025 portant sur l'année 2024 dénombre 58 attentats terroristes au total, comprenant :
Parmi eux, 24 sont attribués à la mouvance djihadiste, dont la majorité implique des armes blanches ou des couteaux utilisés par des auteurs isolés.
Cette donnée confirme que le terrorisme à l'arme blanche demeure une menace actuelle et non résiduelle.
L'analyse 2024 révèle une distribution hétérogène des actes terroristes en Europe :
Les statistiques 2024 corroborent les tendances observées sur la période 2015-2023.
La vague djihadiste, bien qu'atténuée par rapport au pic 2015-2018, conserve une présence caractéristique dans le paysage terroriste européen.
La recrudescence anarchiste dans certains pays méditerranéens se confirme, tandis que les incidents séparatistes stagnent ou déclinent.
L'extrême droite reste exceptionnellement faible en matière d'attentats au couteau, privilégiant d'autres méthodes opératoires.
L'utilisation du couteau constitue une caractéristique emblématique du terrorisme djihadiste contemporain en Europe.
Les analyses démontrent que cette préférence résulte de la facilité d'accès à ce type d'arme combinée à la volonté de perpétrer des actes meurtriers avec une préparation minimale.
Entre 2015 et 2024, plus de 60 % des attaques djihadistes dites « réussies » impliquent une arme blanche, généralement déployée en milieu urbain contre des cibles civiles ou
institutionnelles.
Le recours systématique au couteau distingue nettement la mouvance djihadiste des autres courants terroristes actifs en Europe.
Les groupes anarchistes et d'extrême gauche privilégient massivement :
Les séparatistes optent préférentiellement pour des engins explosifs improvisés ou des armes à feu, n'utilisant le couteau qu'occasionnellement dans des contextes d'assassinats ciblés.
L'extrême droite, bien que rare dans les statistiques, favorise les armes à feu ou les véhicules-béliers lorsqu'elle passe à l'acte.
Au-delà de son efficacité opérationnelle, le couteau revêt une portée symbolique majeure dans la stratégie de communication du terrorisme.
Cette arme renvoie à une imagerie médiévale présente dans la propagande de groupes comme Daech.
L'impact psychologique sur les populations européennes s'avère terrible, chaque attentat au couteau générant une onde de choc médiatique disproportionnée par rapport au nombre effectif de
victimes.
Cette capacité à terroriser avec des moyens rudimentaires explique la persistance de ce mode opératoire malgré son taux de létalité inférieur aux attaques sophistiquées.
La France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et la Belgique concentrent la majorité des attentats au couteau terroristes recensés entre 2015 et 2024.
Ces quatre nations cumulent la plus grande part des victimes décédées et blessées sur la décennie.
La France détient le triste record des victimes d'attaques à l'arme blanche d'inspiration terroriste, avec une série d'incidents meurtriers particulièrement intenses durant la période 2015-2017.

L'Italie et l'Espagne complètent le tableau géographique des pays européens affectés.
L'Italie se distingue par une présence marquée d'incidents anarchistes et séparatistes, notamment en 2022-2023.
L'Espagne enregistre principalement des actions liées aux tensions nationalistes régionales.
La Grèce, bien que moins touchée en volume absolu, connaît une activité anarchiste soutenue utilisant diverses méthodes dont occasionnellement les armes blanches.
La répartition spatiale révèle des spécialisations idéologiques nationales.
Cette géographie différenciée reflète les contextes politiques, sociaux et historiques propres à chaque nation européenne, influençant la nature et le profil des menaces terroristes locales.
Les attaques terroristes au couteau en Europe ont provoqué plusieurs centaines de victimes entre 2015 et 2024, englobant décès et blessures graves.
La France concentre le bilan le plus lourd, témoignant de l'intensité particulière des attentats subis durant cette période.
Le nombre total varie considérablement selon les années :
L'analyse des profils d'auteurs révèle une homogénéité démographique marquée.
Les agresseurs sont masculins dans 97 % des cas, avec un âge médian de 27 ans.
Une tendance préoccupante se dessine depuis 2020 avec une part croissante de jeunes de moins de 20 ans passant à l'acte, phénomène directement corrélé à la radicalisation en
ligne via les réseaux sociaux.
Cette évolution démographique constitue une difficulté majeur pour les services de renseignement européens.
Les cibles privilégiées des attentats au couteau sont prioritairement des civils évoluant dans des espaces publics :
Une proportion significative vise également des représentants de l'autorité étatique, particulièrement des policiers et militaires symbolisant l'État dans la rhétorique djihadiste.
Cette sélection témoigne d'une double stratégie :
La vulnérabilité des cibles civiles explique la persistance de ce mode opératoire malgré les dispositifs sécuritaires renforcés.
Nombre d'attaques au couteau en Angleterre Entre l'année se terminant en mars 2022 et celle se terminant en mars 2023, le nombre d’attaques au couteau en Angleterre...
Sources :
(1) https://www.europol.europa.eu/cms/sites/default/files/documents/EU_TE-SAT_2025.pdf
- https://www.startinsight.eu/en/european-terrorism-in-numbers/
- https://arxiv.org/pdf/2301.00408
- https://arxiv.org/pdf/0906.3287
- https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/20961790.2020.1811487?needAccess=true
- https://arxiv.org/pdf/1610.01215
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC11269832/
- https://www.europol.europa.eu/cms/sites/default/files/documents/TE-SAT%202024%20-%20Synth%C3%A8se%20-%20FR.pdf