10/05/2025

L'Europe domine largement le paysage mondial des arts martiaux de lutte avec 14 styles documentés, représentant 41,2 % du total.

Cette suprématie s'explique par le développement historique de systèmes comme le Kampfringen (2) allemand, documenté dans des manuels de combat dès le XVe siècle.

L'Asie suit de près avec 12 styles (35,3 %), incluant des traditions millénaires comme le Shuai Jiao chinois (4700 ans) (1) et le Bökh mongol (4000 ans) (4), qui représentent les formes les plus anciennes encore pratiquées aujourd'hui.

Les autres continents présentent une répartition plus modeste mais significative :

• L'Amérique du Sud, l'Afrique et les régions Euro-asiatiques comptent chacune 2 styles (5,88 %)

• Tandis que l'Amérique du Nord et les styles internationaux représentent chacun 1 style (2,94 %)

Cette répartition révèle la concentration historique du développement martial dans les régions où les civilisations anciennes ont prospéré.

Bien que l'Afrique ne soit représentée que par 2 styles dans cette analyse, elle possède en réalité une richesse exceptionnelle sous-documentée.

Le Laamb sénégalais, pratiqué par plus de 500 000 personnes, constitue un phénomène culturel majeur combinant lutte physique et pratiques mystiques.

Les traditions de lutte africaines remontent à l'Égypte antique avec plus de 4000 ans d'histoire documentée dans les tombes de Beni Hasan (5).

Les styles les plus anciens révèlent l’universalisme du combat au corps à corps dans les civilisations humaines.

Le Malla-yuddha indien, vieux de 5000 ans, représente l'un des premiers systèmes codifiés, divisant les techniques en quatre catégories nommées d'après des divinités hindoues :

• Hanumanti (supériorité technique)

• Jambuvanti (soumissions)

• Jarasandhi (destruction articulaire)

• Bhimaseni (force pure)

Le Pankration grec (2700 ans) combinait la frappe et la lutte dans un système précurseur des arts martiaux mixtes modernes.

La période médiévale a vu l’apparition de styles européens sophistiqués.

Le Ringen allemand se pratiquait selon deux modes distincts : 

• La lutte debout avec objectif de projection et la lutte complète incluant le contrôle au sol.

Les manuscrits de maîtres comme Fiore dei Liberi (6) décrivent plus de 400 techniques différentes, témoignant de la complexité technique atteinte à cette époque.

Le XIXe siècle marque une révolution avec la codification des styles olympiques.

• Le Judo, qui n’est qu’un dérivé de cette pratique ancestrale qui transforme le jujutsu traditionnel en sport international médiatique.

La lutte Gréco-Romaine devient rapidement populaire à travers l'Europe, établissant les bases de la lutte moderne.

Les techniques de lutte se répartissent en huit catégories principales universellement reconnues :

Chaque pays a développé des spécialisations techniques distinctes reflétant sa culture :

• Les styles mongols privilégient la projection par chute avec l'objectif de faire tomber l'adversaire sans tomber soi-même

• Les styles japonais agrègent la beauté du mouvement au contrôle parfait de l'adversaire

• Les traditions africaines intègrent souvent des éléments spirituels et rituels dans l'exécution des techniques

Les méthodes d'entraînement diffèrent également selon les traditions culturelles.

Certains styles privilégient la répétition technique intensive, d'autres l'adaptation libre et spontanée.

Cette diversité méthodologique enrichit le patrimoine technique global des arts martiaux de lutte.

Le Judo domine malheureusement avec 28 millions de pratiquants estimés mondialement, représentant plus de 60 % du total des pratiquants des 10 styles les plus populaires.

Cette domination s'explique par la puissance de son « lobbying » :

• Son introduction olympique depuis 1964

• Sa philosophie éducative

• Et son système de ceintures mercantile.

Le Judo est pratiqué, à ce jour dans plus de 200 pays.

Les trois disciplines olympiques (Judo, Lutte Libre et Gréco-Romaine) totalisent plus de 36 millions de pratiquants, soit près de 80 % du total estimé.

Cette concentration illustre l'impact majeur de la reconnaissance olympique sur le développement de ces arts martiaux.

En nombre de pratiquants, le Jiu-Jitsu brésilien représente le phénomène de croissance le plus spectaculaire avec 2,945 millions de pratiquants mondiaux.

Sa popularité a explosé de 100 % en Amérique du Nord entre 2015 et 2020, largement due au succès du MMA qui ont révélé l'efficacité de cette discipline au grand public sur un ring.

Plusieurs styles bénéficient d'une reconnaissance UNESCO comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

• Le Chidaoba géorgien, reconnu en 2018, combine lutte, musique et danse traditionnelle avec plus de 200 prises spécialisées.

• La lutte à l'huile turque (Kırkpınar), pratiquée depuis le XIVe siècle, représente l'un des plus anciens tournois sportifs continus au monde.

L'Iran prépare actuellement la candidature du Bachukheh au patrimoine mondial.

Cette reconnaissance nécessite de démontrer l'ancienneté historique, l'originalité culturelle et la transmission intergénérationnelle ininterrompue des pratiques.

Le processus exige une documentation exhaustive et un engagement communautaire fort.

Ces reconnaissances officielles soulignent que les arts martiaux de lutte dépassent le simple aspect sportif pour devenir des vecteurs d'identité culturelle.

Ils préservent des traditions séculaires tout en s'adaptant aux défis contemporains, créant un pont entre passé et présent.

Neuf styles sont actuellement classés comme « disparus » ou « rares » dans l'inventaire mondial.

• Le Pankration grec, malgré des tentatives de reconstitution moderne basées sur des représentations artistiques antiques, a définitivement perdu ses techniques originales

• Le Malla-yuddha indien s'est progressivement éteint au XVIe siècle, remplacé par le Pehlwani d'influence perse lors des conquêtes mogholes

De nombreux styles traditionnels font face à des menaces existentielles multiples : urbanisation rapide, mondialisation culturelle, manque de transmission formelle structurée et concurrence féroce des sports modernes médiatisés.

La lutte yakut de Sibérie ne survit aujourd'hui que grâce aux photographies ethnographiques du XIXe siècle, ses derniers pratiquants ayant disparu.

Cette analyse non-exhaustive révèle que le nombre de types de luttes dans le monde trouve sa réponse dans l'identification d’environ 34 styles distincts, constituant un patrimoine universel d'une grande richesse.

Ces arts martiaux reflètent la diversité culturelle humaine tout en partageant des principes techniques fondamentaux universels.

Avec plus de 45 millions de pratiquants répartis sur 25 styles actifs, ces disciplines continuent d'évoluer entre tradition et modernité.

Les défis contemporains incluent la préservation des styles menacés de disparition et le maintien de l'authenticité culturelle face à la standardisation sportive mondiale.

L'avenir de ce patrimoine martial réside dans la capacité des communautés à s'adapter sans perdre leur essence, formant de nouvelles générations de maîtres tout en documentant scientifiquement les techniques traditionnelles pour les générations futures.

Sources :

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Shuai_jiao
(2) https://en.wikipedia.org/wiki/Ringen
(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Lutte_mongole 
(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/Beni_Hassan
(6) https://fr.wikipedia.org/wiki/Fiore_dei_Liberi
- https://saudijournals.com/articles/11610/
- https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-030-10433-7_49
- https://spppc.com.ua/index.php/journal/article/view/1943
- https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/00913847.2022.2123257
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC9322178/
- https://blackbeltwiki.com/wrestling
- https://en.wikipedia.org/wiki/Greco-Roman_wrestling
- https://en.wikipedia.org/wiki/Styles_of_wrestling