05/05/2025

Les couteaux constituent la catégorie la plus diversifiée des armes blanches africaines.

Caractérisés par des lames ne dépassant généralement pas 20 cm de longueur, ces instruments polyvalents occupent une place prépondérante dans la vie quotidienne et rituelle de nombreuses ethnies.

La typologie des couteaux africains s'articule autour de plusieurs familles régionales distinctes.

En Afrique de l'Est, notamment au Kenya, en Ouganda et au Soudan, on trouve des couteaux-bracelets et couteaux-bagues, comme l'« ararait » des Turkana (1), portés au poignet ou au doigt.

En Afrique centrale, particulièrement en République Démocratique du Congo, prédominent les couteaux miniatures et asymétriques aux manches finement sculptés.

L'Afrique du Nord et le Sahara se distinguent par leurs couteaux à dos droit et simple tranchant courbe, comme le « bou saadi » kabyle d'Algérie (2).

Les lames des couteaux africains sont généralement forgées en fer, bien que certains exemplaires, notamment dans la région du Bénin, présentent des lames en bronze.

Les manches, souvent confectionnés en bois, peuvent également être fabriqués en os, en ivoire ou entièrement en métal.

Les fourreaux sont principalement réalisés en cuir, particulièrement dans les régions sahariennes et sahéliennes.

Les techniques décoratives varient considérablement : incisions, gravures à l'acide, filigrane d'argent ou de laiton, et application de matériaux précieux comme l'or dans la sphère culturelle Akan.

La polyvalence des couteaux africains transparaît dans leurs multiples fonctions : outils quotidiens, armes défensives, insignes de statut social et objets rituels.

Certains couteaux spécifiques, comme ceux des cordonniers sahariens, sont associés à des activités artisanales précises.

D'autres revêtent une dimension symbolique particulièrement forte, comme les couteaux mahdistes du Soudan ou ceux de l'ancien royaume du Dahomey, liés au pouvoir politique et religieux.

Les coutelas se distinguent des couteaux par des lames plus longues, entre 20 et 40 cm, et des formes plus élaborées.

Ces armes, souvent associées au statut social, étaient particulièrement répandues en Afrique du Nord et de l'Est.

Dans la Corne de l'Afrique, entre l'Éthiopie, Djibouti et la Somalie, on trouve le « gile » (3), un coutelas caractéristique des populations Afar et Issa.

Sa lame de fer coudée à double tranchant et sa monture finement sculptée en font un objet distinctif. Sa version somalienne, appelée « belawa » (4), présente un pommeau trilobé évoquant l'influence arabe.

Ces armes étaient conçues tant pour le combat rapproché que pour se défendre contre les cavaliers.

Le Maghreb présente une riche tradition de coutelas, avec notamment la célèbre « koummiya » (5) marocaine à lame courbe et pommeau en « queue de paon » ou en « chapeau de gendarme ».

Fabriquées avec un soin extrême, ces armes sont souvent richement décorées de gravures, de filigrane d'argent, de cabochons de verre ou de corail.

En Algérie, le coutelas « flissa » (6) des Kabyles se distingue par ses décorations géométriques à forte valeur symbolique.

Le port du coutelas, de l'Afrique du Nord à la Corne de l'Afrique, constituait un privilège masculin et un signe d'appartenance sociale.

En temps de paix, ces armes représentaient avant tout un élément essentiel du costume traditionnel, symbolisant le rang et l'identité tribale de leur porteur.

Leur utilisation comme armes de guerre est attestée par la réutilisation fréquente de lames de baïonnettes occidentales et par leur collection dans un contexte militaire colonial.

Les hachoirs représentent une catégorie spécifique d'armes blanches africaines, caractérisés par des lames larges et souvent recourbées, dont la longueur varie généralement entre 20 et 40 cm.

Les hachoirs africains se distinguent par leur lame beaucoup plus large que celle des coutelas, souvent terminée par une pointe recourbée.

Présents principalement en Afrique centrale et dans certains pays du Golfe de Guinée, ils affichent des formes très caractéristiques variant selon les régions et les ethnies.

Des exemplaires plus isolés se retrouvent également dans le nord du Cameroun.

Au-delà de leur fonction d'arme de combat, les hachoirs africains revêtent une forte charge symbolique.

Leur morphologie distinctive en fait des objets de prestige et des insignes de pouvoir dans de nombreuses cultures.

La décoration élaborée de certains exemplaires témoigne de leur importance rituelle et cérémonielle, dépassant largement leur usage pratique.

Les machettes africaines constituent une catégorie intermédiaire entre les coutelas et les sabres, avec des lames dépassant 40 cm mais n'excédant généralement pas 60 cm.

Leur morphologie témoigne souvent d'influences croisées entre traditions locales et apports extérieurs.

En Afrique de l'Ouest et du Nord, l'influence européenne sur la morphologie des machettes est manifeste, tandis que les exemplaires d'Afrique centrale possèdent des caractéristiques plus spécifiquement locales.

Ces armes présentent généralement une lame courbe à simple tranchant, parfois avec un contre-tranchant limité.

Si les machettes servaient d'instruments polyvalents, utilisées tant pour le défrichage et les travaux agricoles que comme armes de défense, certains exemplaires, notamment en Afrique de l'Ouest, revêtaient un caractère essentiellement symbolique.

Leur port pouvait signaler un statut particulier au sein de la communauté ou une fonction spécifique dans l'organisation sociale.

Les sabres représentent la catégorie la plus prestigieuse des armes blanches africaines, souvent associés au pouvoir politique et militaire.

Leur diffusion sur le continent témoigne d'influences diverses, notamment arabes et européennes.

Les sabres africains se répartissent en types bien définis selon les régions :

• Sabres du Maghreb d'influence ottomane.

• Sabres des régions sahariennes et sahéliennes comme la « takouba » (7) touarègue.

• Sabres éthiopiens.

• Et sabres des royaumes du Golfe de Guinée.

Ces armes présentent des caractéristiques morphologiques distinctives selon leur origine géographique et culturelle.

Si les sabres du Maghreb, du Sahara et d'Éthiopie étaient effectivement employés comme armes de guerre, les exemplaires du Golfe de Guinée revêtaient principalement une fonction symbolique, servant d'insignes de pouvoir lors de cérémonies royales et de rituels.

Le sabre constituait ainsi un élément central dans la représentation du pouvoir politique traditionnel dans de nombreuses cultures africaines.

Les armes blanches traditionnelles d'Afrique représentent bien plus que de simples instruments utilitaires ou guerriers.

Elles témoignent de l'extraordinaire diversité culturelle du continent africain, de la sophistication technique des artisans traditionnels et des systèmes complexes de valeurs et de représentations des différentes sociétés africaines.

L'étude de ce patrimoine matériel permet d'appréhender la richesse des cultures africaines précoloniales et de comprendre les multiples dimensions, techniques, artistiques, sociales et symboliques, qui caractérisaient ces objets.

À travers cette galerie des armes africaines, c'est toute une histoire des relations sociales, des échanges culturels et des savoir-faire traditionnels qui se dévoile, méritant d'être préservée et valorisée.

Sources :

(1) https://www.bruno-mignot.com/galeries/couteaux-de-doigts-ou-de-poignets-ararait-turkana/4285-couteau-bracelet-ararait-turkana-acholi-kenya.html
(2) https://les-couteaux.de-ergé.fr/categories/autres/le-bou-saadi.html
(3) https://en.wikipedia.org/wiki/Jile
(4) https://en.wikipedia.org/wiki/Billao
(5) https://en.wikipedia.org/wiki/Koummya
(6) https://en.wikipedia.org/wiki/Flyssa
(7) https://fr.wikipedia.org/wiki/Takouba
- https://bibliotheques-numeriques.defense.gouv.fr/document/8556ea33-7ea5-4ab6-821b-4c25c823bf98?cote=E%201087%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%7CMAR_34130&prevornext=1&portal=332254