20/04/2025

L'étranglement en Jiu-Jitsu Brésilien affecte-t-il la santé ?

L'étranglement en Jiu-Jitsu Brésilien affecte-t-il la santé ?

La pratique du Jiu-Jitsu Brésilien (JJB) soulève régulièrement des questions concernant la sécurité des techniques d'étranglement couramment utilisées dans cet art martial.

L'étranglement en Jiu-Jitsu Brésilien affecte-t-il la santé des pratiquants de manière néfaste ou existe-t-il des nuances importantes à considérer ?

Des chercheurs de l'Université de Galles du Sud (USW) (1) ont récemment mené une étude pionnière qui remet en question certaines idées reçues sur les dangers potentiels de cette pratique.

Leurs conclusions apportent un éclairage scientifique intéressant sur les effets physiologiques des étranglements réguliers dans le contexte du JJB, démontrant que la science peut effectivement apporter des réponses précieuses, même dans les sports de combat.

Le Jiu-Jitsu Brésilien : un art martial basé sur la soumission

Principes fondamentaux du JJB

Le Jiu-Jitsu Brésilien se distingue nettement d'autres arts martiaux par sa philosophie et sa méthodologie.

Contrairement à plusieurs sports de combat, le JJB interdit catégoriquement de frapper le corps, particulièrement la tête, privilégiant plutôt la manipulation des membres, les clefs et les étranglements du cou pour contraindre un adversaire à se soumettre.

Cette approche a contribué à sa popularité croissante, notamment grâce à son efficacité démontrée dans les compétitions d'arts martiaux mixtes (MMA) comme l'UFC et le Bellator (2).

Le JJB présente l'avantage remarquable d'être accessible à tous, indépendamment de l'âge, du sexe ou des capacités physiques, tout en comportant généralement moins de risques de blessures que d'autres sports de combat.

La place des techniques d'étranglement dans la pratique

Les techniques d'étranglement constituent un élément central du Jiu-Jitsu Brésilien

Elles exposent les pratiquants à une asphyxie intermittente récurrente en raison de l'application contrôlée de compression sur les vaisseaux sanguins du cou.

Cette restriction temporaire du flux sanguin vers le cerveau ou de l'oxygène est utilisée stratégiquement pour forcer un adversaire à abandonner le combat.

La fréquence de ces étranglements au cours de l'entraînement et des compétitions a soulevé des questions légitimes concernant leurs effets potentiels sur la santé cérébrale à court et long terme des pratiquants.

Les inquiétudes concernant les étranglements et la santé cérébrale

Quand le cerveau n'est plus irrigué : mécanismes physiologiques

Lors d'un étranglement, la pression exercée sur les artères carotides et vertébrales peut réduire significativement l'apport sanguin au cerveau.

Cette restriction temporaire du flux sanguin réduit l'oxygénation cérébrale, ce qui peut conduire à une perte de conscience si elle est maintenue suffisamment longtemps.

Cette interruption momentanée de l'irrigation cérébrale a longtemps suscité des inquiétudes concernant les dommages potentiels aux tissus cérébraux, particulièrement lors d'expositions répétées sur une longue période de pratique.

La crainte principale concerne les effets cumulatifs potentiels de ces épisodes hypoxiques transitoires sur les structures cérébrales et les fonctions cognitives.

Quelles complications possibles de la strangulation ?

Des préoccupations ont été exprimées dans la communauté médicale et sportive concernant le lien potentiel entre les étranglements répétés du cou, les lésions cérébrales structurelles et les implications pour diverses fonctions cognitives essentielles - notamment :

  • L'apprentissage.
  • La mémoire.
  • L'attention.
  • Et la coordination.

L'hypothèse selon laquelle ces techniques pourraient accélérer le déclin cognitif ou augmenter le risque de lésions cérébrovasculaires a fait l'objet de débats, mais jusqu'à récemment, peu d'études scientifiques rigoureuses avaient exploré cette question spécifique dans le contexte du Jiu-Jitsu Brésilien.

La science apporte un nouvel éclairage

Méthodologie de l'étude de l'Université de Galles du Sud

Dans la première étude de ce type, des chercheurs du Laboratoire de recherche neurovasculaire de l'Université de Galles du Sud (Benjamin Stacey, Zac Campbell et le professeur Damian Bailey) ont examiné les effets potentiels des étranglements répétés sur la santé cérébrale.

L'étude a utilisé une méthodologie rigoureuse comparant 11 athlètes d'élite de JJB, qui s'entraînaient en moyenne 12 heures par semaine depuis environ 8 ans, à 11 personnes d'un groupe témoin appariées en termes d'âge et de niveau de forme cardiorespiratoire.

Les chercheurs ont mesuré le débit sanguin dans les artères carotides internes et vertébrales à l'aide d'une échographie duplex pour déterminer le débit sanguin cérébral total.

La fonction cognitive a été évaluée par divers tests psychométriques, incluant un test de déficience cognitive légère, ainsi que des analyses de la mémoire, de l'attention, de la concentration, de la coordination visuo-motrice (3) et des fonctions exécutives.

Résultats surprenants sur le flux sanguin cérébral

Contrairement aux hypothèses initiales, l'étude a révélé que les athlètes de Jiu-Jitsu Brésilien présentaient un flux sanguin cérébral de repos significativement plus élevé que le groupe témoin, suggérant une perfusion cérébrale améliorée même en dehors des périodes d'entraînement.

De plus, aucun signe de déficience cognitive n'a été détecté chez les athlètes, et leurs fonctions cognitives générales ne différaient pas de celles du groupe témoin.

Ces résultats surprenants remettent en question l'idée selon laquelle la pratique régulière du JJB et l'exposition aux étranglements pourraient endommager le cerveau ou accélérer le déclin cognitif.

Au contraire, ils suggèrent l'existence potentielle d'effets neuroprotecteurs associés à cette pratique.

Effets potentiellement neuroprotecteurs des étranglements

Le pré-conditionnement cérébral: une adaptation bénéfique ?

Les chercheurs ont proposé que l'amélioration du flux sanguin cérébral observée chez les pratiquants de JJB pourrait résulter d'un phénomène de pré-conditionnement cérébral induit par les techniques d'étranglement.

Lorsqu'une personne est régulièrement exposée à des restrictions temporaires du flux sanguin, le cerveau peut s'adapter en développant une résistance accrue aux réductions d'oxygène.

Ce processus s'apparente à un entraînement neurophysiologique où le corps s'habitue à la contrainte et devient plus résilient.

Un phénomène similaire a été observé chez les plongeurs en apnée, dont le cerveau développe des adaptations protectrices face aux épisodes hypoxiques récurrents.

L'entraînement par intervalles à haute intensité et ses bienfaits

Un second mécanisme potentiellement bénéfique identifié par les chercheurs concerne la nature même de l'entraînement en JJB, qui s'apparente à un entraînement par intervalles à haute intensité (HIIT).

La pratique implique typiquement des périodes d'activité intense alternant avec de courtes phases de récupération.


Ce type d'exercice peut favoriser des adaptations circulatoires à long terme, notamment un meilleur apport sanguin au cerveau.

Ces adaptations physiologiques pourraient expliquer pourquoi, contrairement aux inquiétudes initiales, les athlètes de JJB semblent bénéficier d'une perfusion cérébrale améliorée plutôt que dégradée.

Implications pratiques pour les pratiquants

Les précautions essentielles à respecter

Malgré ces résultats encourageants, il convient de souligner que l'étude portait sur des athlètes d'élite pratiquant dans des conditions contrôlées.

Les chercheurs précisent que dans l'étude, les participants n'étaient pas soumis à des étranglements jusqu'à l'évanouissement.

Cette nuance est importante car l'étranglement fréquent jusqu'à la perte de conscience pourrait potentiellement avoir des effets différents, voire néfastes, sur les capacités cognitives.

Les pratiquants doivent donc toujours respecter les protocoles de sécurité sportifs établis, abandonner (« taper ») avant la perte de conscience, et s'entraîner sous la supervision d'instructeurs qualifiés.

Quand l'étranglement peut-il devenir dangereux ?

Bien que l'étude suggère des effets potentiellement bénéfiques des étranglements pratiqués dans un cadre approprié, certaines situations peuvent présenter des risques accrus.

Les personnes souffrant de conditions préexistantes affectant le système vasculaire cérébral, comme l'athérosclérose, l'hypertension non contrôlée ou des antécédents d'accident vasculaire cérébral, doivent consulter un médecin avant de s'engager dans des pratiques impliquant des étranglements.

De même, les techniques mal exécutées ou maintenues trop longtemps après la perte de conscience peuvent présenter des risques significatifs et doivent être évitées à tout prix.

Conclusion

L'étude menée par l'Université de Galles du Sud offre une perspective rassurante pour les pratiquants de Jiu-Jitsu Brésilien concernant les effets des étranglements sur la santé cérébrale.

Contrairement aux craintes répandues, les résultats suggèrent que le JJB ne prédispose pas à un plus grand risque de lésions cérébrales durables et pourrait même fournir des preuves d'une meilleure protection du cerveau.

Cette découverte remet en question l'idée selon laquelle le jiu-jitsu brésilien accélérerait le déclin cognitif en raison d'une altération de la fonction cérébrovasculaire.

Toutefois, ces conclusions préliminaires nécessitent des études complémentaires pour examiner les implications à long terme de la pratique et préciser les mécanismes exacts de cette potentielle neuroprotection.

En attendant, les pratiquants peuvent continuer à profiter des nombreux bienfaits du JJB tout en respectant les précautions de sécurité appropriées.


Quelle est la self-défense la plus efficace ?

Quelle est la self-défense la plus efficace ? L’expérience. La véritable efficacité ne réside pas dans la maîtrise de techniques, mais dans la capacité à détecter le danger...

Quelles sont les causes de la criminalité ?

Quelles sont les causes de la criminalité ? La criminalité représente un défi majeur pour nos sociétés contemporaines, particulièrement pour les individus soucieux de leur...