23/11/2024
Se basant principalement sur des comptes-rendus de justice, des rapports de police et d’autopsie l'agence de presse Reuters a recensé 1081 morts en plus de 30 ans, rien qu’aux États-Unis.
Dans 9 cas sur 10, la personne n'était pas armée.
Presque tous les 18 000 services de police des États-Unis délivrent à leurs agents un Taser® (*), comme une alternative « non-létale » qu'ils pourraient utiliser face à une
menace.
Sauf que Reuters (1) a documenté le fait qu’il s’agit en réalité d’un objet vraiment dangereux, qui n’est pas « non létale » et qu’il est risqué de se faire taser.
Au cours des dix dernières années, plus de deux millions de personnes ont été électrocutées par les forces de l’ordre, aux États-Unis, avec des Tasers, qui sont devenus des armes courantes dans
les interventions policières (**).
Bien que ces dispositifs soient présentés comme une alternative « non létale » aux armes à feu, il demeure une question essentielle : quel impact une décharge de 50 000 volts a-t-elle réellement
sur le cerveau humain ?
Malgré leur utilisation généralisée par la police, on sait encore très peu de choses sur la manière dont ces décharges affectent les fonctions cognitives des personnes, notamment leur capacité à comprendre et renoncer à leurs droits, comme celui de garder le silence, lors d’une arrestation (les droits Miranda) (1).
Une étude (2) innovante menée par l’Université Drexel et l’Université d’État de l’Arizona met en lumière que l’électrisation provoquée par un Taser peut altérer la mémoire et les capacités de
traitement des informations.
Lors de cette étude, des volontaires ont été soumis à des décharges et ont ensuite passé des tests cognitifs.
Certains ont montré des déficiences à court terme, similaires à des symptômes de démence, ce qui soulève des interrogations sur la capacité des suspects à comprendre leurs droits après une
décharge.
L’étude a des implications importantes pour les pratiques d’interrogatoire de la police, en particulier sur le délai que les policiers doivent respecter avant d’interroger un suspect ayant reçu une décharge de Taser.
Selon Robert J. Kane, l’un des auteurs, « Cette étude soulève des questions cruciales sur la manière dont la police administre les avertissements concernant le droit de garder le silence. »
La question centrale est la suivante : si un suspect présente des troubles cognitifs après avoir été électrocuté, à quel moment la police peut-elle commencer l’interrogatoire ?
De nombreuses personnes sont choquées puis immédiatement interrogées, sans qu’il soit assuré qu’elles aient la capacité intellectuelle de renoncer « en connaissance de cause » à leurs droits.
Pour évaluer les risques cognitifs du Taser, les chercheurs ont recruté 142 participants, soumis à des critères de sélection stricts, y compris en ce qui concerne les antécédents de consommation
de drogues ou de problèmes cardiaques et psychiatriques.
L’étude a été réalisée dans un hôpital, avec des professionnels médicaux disponibles en cas d’urgence.
Les participants ont été répartis en quatre groupes : un groupe témoin, un groupe ayant simulé une confrontation stressante, un groupe recevant une décharge de Taser de cinq secondes, et un
groupe combinant simulation physique et décharge.
Ils ont passé des tests cognitifs avant, immédiatement après, une heure et une semaine après l’exposition.
Les résultats ont montré que l'exposition au Taser avait entraîné une diminution significative de l'apprentissage verbal et de la mémoire, les effets étant notables pendant moins d’une
heure.
Un quart des participants exposés au Taser ont obtenu un score correspondant à un niveau cognitif proche de celui des adultes de 79 ans, indiquant des troubles cognitifs légers.
Bien que les Tasers soient considérés comme une alternative moins létale que les armes à feu et qu’ils puissent sauver des vies dans certaines situations, leur utilisation n’est pas sans
danger.
Bien qu’ils soient généralement considérés comme sûrs pour les individus en bonne santé, des décès ont été rapportés après leur utilisation.
Selon Robert J. Kane, « le Taser doit être traité comme une arme potentiellement dangereuse. »
L’étude a également révélé que l’exposition au Taser affectait négativement plusieurs aspects de l’état émotionnel des participants, tels que la concentration, l’anxiété et le sentiment d’être
accablé.
Ces facteurs émotionnels, bien que subjectifs, ont montré qu’ils pouvaient influencer les performances des tests cognitifs.
Certains participants ont d’ailleurs exprimé un traumatisme émotionnel après l’expérience. Kane a ajouté que « pour certains, l’expérience a été psychologiquement éprouvante. »
Les chercheurs appellent à un débat public sur la manière d’intégrer le Taser dans la police de manière responsable, en garantissant la sécurité des agents tout en minimisant les impacts sociaux
négatifs sur les suspects.
Ils soulèvent la question suivante : « Quelle serait l'option la plus sûre pour la police, si elle attendait 60 minutes après l’usage d’un Taser avant de commencer l’interrogatoire des suspects
en détention ? »
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Sources :
(*) https://taser.com/
(1) https://www.reuters.com/investigates/special-report/usa-taser-database/
(**) https://www.pbs.org/newshour/show/police-killed-1000-people-tasers-since-2000
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Droits_Miranda
TASER® Exposure and Cognitive Impairment Implications for Valid Miranda Waivers and the Timing of Police Custodial Interrogations. Robert J. Kane, Michael D. White