15/07/2025

Pourquoi le Libre Fighting est considéré dangereux pour la self-défense

Pourquoi le Libre Fighting est considéré dangereux pour la self-défense

Le Libre Fighting, fondé par Scott Babb en 2004, se veut être un système « moderne » pour le combat au couteau.

 

Il s’affiche comme une pratique contemporaine centré sur l’agressivité. 

Pourtant, la littérature biomécanique, les statistiques hospitalières et les analyses juridiques convergent : pour un citoyen lambda, ce système augmente plus les risques qu’il n’améliore la survie.

De plus, un corpus croissant d’analyses biomécaniques, médicales et juridiques remet en question sa pertinence dès que l’on passe du dojo à l’agression de rue. 

Cet article explore, sous un angle académique, les raisons pour lesquelles le Libre Fighting est considéré dangereux pour la self-défense.

Divergence entre biomécanique réelle et répétition d’automatisme

Portée réduite et perte de puissance

prise en main au couteau inversée

La prise en main inversée imposée par le Libre Fighting diminue l’allonge d’environ 14 cm, soit près d’une demi-coudée, par rapport à la prise « sabre » utilisée depuis des siècles lors d’affrontement avec toutes les armes blanches légères possible (machette, canne, bâton…).

 

Cette façon de tenir l'arme imposée diminue l’allonge d’environ 14 cm, soit près d’une demi-coudée, par rapport à la prise « sabre » utilisée depuis des siècles lors d’affrontement avec toutes les armes blanches légères possible (machette, canne, bâton…).

Cette contraction spatiale oblige l’attaquant à pénétrer profondément dans la bulle défensive de l’adversaire, multipliant les échanges réciproques.

Les capteurs de force installés par l’Université de Strathclyde confirment que 95 % des coups humains n’excèdent pas 1 885 N ; une distance de sécurité devient donc plus déterminante que la force délivrée.

Cette tactique réduit cette zone tampon et expose mécaniquement son utilisateur à une contre-frappe ou une saisie du poignet, limitant le pourcentage de survie.

Ciblage anatomique irréaliste

Les drills privilégient les yeux, la gorge et la carotide, alors que l’épidémiologie des urgences montre une distribution majoritaire des plaies sur les membres.

Cette discordance entraîne un entraînement désaligné avec les probabilités réelles d’impact.

Ignorer cette répartition favorise une mémoire musculaire focalisée sur des cibles rares, détériorant la pertinence en situation réelle.

Zones touchées agressons couteau

Répartition anatomique des blessures au couteau basée sur une étude hospitalière turque

Répétition d’automatisme et tunnel attentionnel

La logique d’enchaînement codifié tend à rigidifier la réponse motrice.

Les neurosciences du stress indiquent qu’un schéma trop spécifique inhibe l’adaptation quand les angles d’attaque varient.

La répétition sans aléa génère un tunnel attentionnel ; l’utilisateur exécute la séquence plutôt que d’analyser la menace, ce qui accroît le danger lorsque l’environnement diffère du dojo.

Limites tactiques : « blender » sans désengagement

Enchaînements prolongés et risque réciproque

Les séquences d’entraînement de 8 à 10 coups successifs entre deux protagonistes dans un carré de 1,8 m² les enferment dans un contexte illusoire.

Les probabilités de contre-attaque augmentent à chaque frappe additionnelle, alors que la littérature tactique conseille deux ou trois actions puis retrait.

Chaque seconde supplémentaire passée à courte distance élève le risque d’hémorragie mutuelle, contredisant le principe fondamental de survie.

Gestion de la distance et absence de jeu de jambes

Le Libre Fighting valorise la pression linéaire sans recul stratégique.

Alors qu’une personne qui recule d’un pas suffit à casser la chaîne d’attaques, laissant :

  • L’agresseur bras raccourci
  • La lame hors de portée
  • Mais le corps toujours exposé

Manque de plan B

Certains instructeurs admettent que si le premier assaut échoue, très peu d’options restent disponibles : aucune transition vers des frappes longues, ni vers des armes improvisées.

Cette absence de plan B condamne l’utilisateur à un corps-à-corps mortel ou à la fuite désorganisée, deux scénarios défavorables lorsque l’espace est restreint.

Problèmes juridiques

Proportionnalité et légitime défense

Le droit français exige la cessation immédiate des coups dès que la menace n’est plus actuelle.

Or, cette doctrine recommande de poursuivre l’assaut jusqu’à l’incapacité manifeste, exposant l’usager à une requalification en violences volontaires.

Au Royaume-Uni, la notion de « reasonable force » impose aussi un désengagement de neutralisation.

Même la doctrine américaine « Stand-Your-Ground » n’exonère pas la sur-létalité post-neutralisation.

Port d’arme prohibé et responsabilité pénale

En France, un couteau hors motif justifié constitue déjà un délit de port d’arme sanctionné de 500 euros d’amende, sa saisie et d’éventuelles poursuites judiciaires.

La possession d’aérosol OC ou de lampe tactique, moins létale, s’avère juridiquement moins risqué et plus sûre tout en fournissant une dissuasion efficace.

Comparatif des cadres juridiques relatifs au couteau et à la proportionnalité.

Désaccords sur la méthodologie d’entraînement

Absence de sparring

La majorité des vidéos montrent un partenaire statique, consentant ou un mannequin, excluant la variabilité d’un adversaire réactif.

Les études en psychologie du combat recommandent impérativement l’intégration de sparring aléatoire pour ancrer la mémoire procédurale dans la réalité dynamique.

Sans cet ingrédient, le pratiquant surestime ses capacités et sous-estime les réactions adverses.

Stress physiologique non simulé

La fréquence cardiaque classique d’un civil agressé grimpe souvent au-delà de 170 bpm, altérant la motricité fine.

La répétition de comportements codifiés ne reproduit ni l’épine de cortisol ni la vision tunnel qui en découle, laissant un fossé entre l’entraînement et la réalité de la rue.

Face à un couteau réel, la dégradation cognitive se traduit par des oublis de garde ou des coups mal alignés, accentuant le danger.

Exclusion des solutions non-létales

Ce système de combat ne prévoit ni verbalisations de crise, ni usage d’objets banals comme barrière.

Les protocoles modernes de self-défense insistent sur ces paliers non-violents, car statistiquement plus conforme à la légitime défense.

L’utilisateur reste donc prisonnier d’une réponse unique, la plus risquée sur l’échelle de violence.

Alternatives techniques citées par les experts

Tolpar : prioriser l’évitement

L’humain étant un bipède, cette école forme au jeu de jambes et à « l’ escrime sans escrime », permettant de maintenir l’adversaire à l’extérieur du rayon létal.

Une position de garde maximise la puissance sans sacrifier la distance, réduisant l’exposition aux contre-coups.

OC Spray : solution civile

Même si elle contient ses propres limites, la combinaison aérosol lacrymogène et frappes linéaires offre une option de fuite efficace face à la probabilité d’affrontement.

Kragma : polyvalence grip long/court

Ce système intègre la connaissance et l’utilisation défensive de tout objet contondant, tout en respectant l’efficacité des pratiques ancestrales.

Pour le civil :

  • La maîtrise des angles d’attaques
  • La connaissance des déplacements
  • La faculté de passer d’un grip court à long élargit la palette tactique

Si l’assaillant recule, la prise « sabre » restera quoiqu’il arrive opérationnelle.

Conclusion critique

Les éléments analysés démontrent sans ambiguïté pourquoi le Libre Fighting est considéré dangereux pour la self-défense : 

  • Perte biomécanique de portée
  • Stratégie offensive sans désengagement
  • Incohérence avec la répartition réelle des blessures
  • Et incompatibilité avec les exigences légales de proportionnalité

Pour un public novice cherchant la survie, d’autres disciplines offrent une balance sécurité-efficacité mieux calibrée.

Cette popularité tient davantage au spectacle de l’agressivité qu’à une méthodologie protectrice.

Une réorientation vers des pratiques favorisant la gestion de la distance, les outils non-létaux et l’apprentissage sous l’effet du stress s’imposent si l’objectif authentique demeure la self-défense citoyenne.


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