24/11/2024
Les blessures de défense sont considérées comme des indices cruciaux dans le cadre les enquêtes médico-légales, car elles témoignent d'une réaction active de la victime face à une agression.
Les comportements animaux de défense, conçus comme une forme spécifique, répétitive et rigide, apparaissent à la fois dans des contextes environnementaux sociaux et non-sociaux, représentant un
phénomène omniprésent dans la vie animale, y compris chez les humains.
En ce qui concerne sa signification adaptative, des études (*) comparatives éthologiques montrent que la tendance des mécanismes de réponse sont motivées par l'imprévisibilité de stimuli
environnementaux.
Le mécanisme de répartition de ces blessures est révélateur de la conscience et de la capacité de la victime à se protéger en utilisant ses membres.
Le fait que la victime ait pu anticiper l'agression et réagir à celle-ci en se protégeant indique un certain niveau de vigilance, ce qui contraste avec une victime prise par surprise ou trop
affaiblie pour réagir.
Ces coupures sont souvent localisées aux avant-bras, aux mains, ou, dans des cas moins fréquents, aux jambes (1).
Elles se manifestent lorsque la victime utilise ses bras ou ses mains pour se protéger, en levant ses membres pour empêcher l'attaque de toucher des zones vitales du corps telles que la tête, le cou ou la poitrine.
Sur le plan médico-légal, ces blessures revêtent une signification particulière. Si une personne présente des blessures de défense au couteau, cela signifie qu'elle a été capable de réagir de
manière autonome, anticipant les attaques (qu'elles soient par coup ou par estoc) et se protégeant instinctivement.
Les blessures de défense sont courantes dans les attaques au couteau, où la victime peut tenter de saisir l'arme ou de parer les coups en levant les bras pour protéger les parties vulnérables du
corps.
Par exemple, lorsque la victime tente de saisir le couteau, des coupures peuvent se produire sur la main ou l'avant-bras.
Dans d’autres cas, la victime peut se défendre de manière passive en levant ses bras ou en les étendant pour créer une barrière contre la lame, ce qui peut engendrer des blessures sur le côté
extenseur des bras.
Dans la littérature médico-légale, il existe une distinction entre blessures de défense actives et passives. Cette distinction repose sur la nature de la réaction de la victime.
Les blessures actives surviennent lorsque la victime saisit directement l'arme, entraînant des coupures généralement sur la face palmaire de la main, souvent sur les doigts ou la paume.
Les blessures passives se produisent lorsque la victime tente de se protéger en levant les bras, souvent de manière instinctive, pour bloquer l'attaque, ce qui génère des lésions sur les
extenseurs (côté arrière de l'avant-bras ou des mains).
Ces blessures sont souvent localisées sur les zones tendineuses, là où les tendons des doigts sont exposés à des coupures.
Bien que cette distinction entre blessures de défense actives et passives soit courante dans la littérature, certains chercheurs remettent en question sa pertinence.
La réalité des attaques au couteau est bien plus complexe, et le mécanisme de répartition des blessures peut se produire de manière intermédiaire entre ces deux catégories.
Par exemple, une victime qui tente de saisir un couteau en mouvement pourrait être blessée à la fois sur le côté palmaire (actif) et extenseur (passif) de la main, en fonction de l'angle et de la
manière dont la lame entre en contact avec la peau.
Une simple variation dans la direction du coup de couteau, comme un mouvement de haut en bas ou de bas en haut, peut entraîner des blessures sur des zones différentes du bras, rendant cette
classification plus difficile à appliquer de manière stricte.
Les dommages physiques sont observées avec une fréquence élevée (entre 30% et 50%) chez les victimes d'agressions avec des objets tranchants, mais leur présence peut aussi dépendre de plusieurs
facteurs, tels que la réaction de la victime ou son état physique et mental au moment de l'attaque.
Si la victime est sous l'influence de l'alcool ou de drogues, ou si elle est déjà blessée avant l'attaque au couteau, sa capacité à réagir sera gravement réduite, ce qui diminuera les chances de
blessures de défense.
De même, dans les cas où la victime est endormie, assommée avant l'agression, ou prise par surprise, l'absence de blessures de défense peut être explicable.
Dans de telles situations, la victime peut ne pas avoir eu le temps ni la possibilité de se défendre, ce qui renforce l'idée que l'absence de blessures de défense ne signifie pas nécessairement
que la victime n'a pas été agressée.
Une autre situation dans laquelle l'absence de blessures de défense peut être observée est lorsque la victime est physiquement immobilisée :
Dans ces cas, la victime ne peut pas réagir aux coups ou aux attaques qui suivent. Il en est de même pour les victimes qui sont trop faibles, malades, ou incapables de se défendre à cause d'une condition physique préexistante.
Il faut noter que l'absence de blessures de défense dans les attaques à la force tranchante ne signifie pas toujours que la victime n'a pas été agressée activement.
Dans des situations où une personne est très intoxiquée, sous l'effet de drogues, ou trop choquée pour réagir, sa capacité à se défendre peut être significativement diminuée.
Ce type de condition physiologique ou psychologique réduit considérablement les chances de provoquer des blessures de défense, même si l'attaque elle-même était extrêmement violente.
Des études (2) portant sur la localisation des blessures de défense dans des attaques au couteau ont révélé une répartition quasi-égale des blessures entre les fléchisseurs et les extenseurs des
bras et des mains, ce qui va à l’encontre de la théorie traditionnelle selon laquelle les blessures de défense actives (lorsque la victime saisit le couteau) se produiraient principalement sur le
côté palmaire de la main et les blessures passives (lorsque la victime lève les bras) sur les extenseurs.
Cette répartition suggère que l’attaque et la réaction de la victime peuvent être plus complexes et variées que ce que l'on pensait auparavant.
Par exemple, une personne peut saisir un couteau avec l'intention de se défendre, mais au cours de l'action, la position de sa main ou de son bras peut entraîner des blessures sur différentes
zones du corps, tant sur les extenseurs que les fléchisseurs.
Les blessures aux mains peuvent être particulièrement complexes, car elles peuvent résulter d’un contact direct avec la lame, mais aussi de l'effort pour saisir l'arme.
Lors de ce geste, les doigts de la victime peuvent se refermer autour de la lame, provoquant des blessures multiples sur plusieurs doigts, parfois jusqu'à couper complètement les tendons
fléchisseurs.
De plus, la zone entre le pouce et l'index est particulièrement vulnérable dans ce genre d’agression.
Une autre caractéristique notable est que les plaies aux mains peuvent être « en retrait », formant un lambeau de peau, particulièrement lorsque la victime essaie de se protéger en
écartant les doigts.
Ces observations soulignent l'importance d'une analyse minutieuse des blessures, qui va au-delà des simples catégories de blessures actives ou passives pour comprendre pleinement la dynamique de
l'agression et la réponse de la victime.
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Sources :
(*) https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S016643282030471X
- https://www.cambridge.org/core/journals/behavioral-and-brain-sciences/article/abs/human-ethology-concepts-and-implications-for-the-sciences-of-man/CD3B8B1C538D7263955C5133E49FA12B
(1) Defense Wounds. S Pollak, University of Freiburg/Br, Freiburg, Germany. P J Saukko, University of Turku, Turku, Finland
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/B0122272153004388
(2) Self-defense injuries in homicidal deaths Manoj Kumar Mohanty, Manoj Kumar Panigrahi, Sachidananda Mohanty, Jyotin Kumar Dash, Shreemanta Kumar Dash
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16931102/
- Study of defence injuries in homicidal deaths - An autopsy study Basappa S Hugar, S Harish, Y P Girish Chandra, S Praveen, S H Jayanth
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22520372/