24/02/2022

Criminalité au couteau en Australie #1

Criminalité au couteau en Australie #1

L’utilisation des termes « criminalité au couteau » ou « crime au couteau », sont devenue des expressions couramment utilisées par les politiciens et les médias. Mais il n'est pas toujours tout à fait clair de déterminer de quoi il s'agit réellement ou de ce qu'ils veulent réellement dire lorsqu'ils utilisent ce terme.

 

Le « crime au couteau » englobe potentiellement un très large spectre d'infractions et pose donc des problèmes à la fois dans sa définition, sa détermination et son utilisation.

 

Quelle que soit la signification, le débat public et politique sur le « crime au couteau » mériterait de bénéficier à la fois d'une tentative de définition précise de ce que l'on entend réellement, une utilisation plus prudente et moins sensationnelle.

 

La criminalité au couteau est un des marronniers des élections et suscite toujours beaucoup d'inquiétudes dans les communautés. Cependant, comme l'Institut australien de criminologie l'a déjà noté (ainsi que dans le monde entier), il y a un manque général de recherche universitaire en Australie sur le port et l'utilisation de couteaux.

 

Dans ce résumé sur le port et l'utilisation des couteaux en Australie, un aperçu des données plus ou moins récentes est présenté sûr pour la période de 2005 à 2009.

Le port du couteau chez les jeunes

Dans une étude victorienne, Bondy, Ogilvie et Astbury (« Living on Edge » 2005) ont enquêté sur les perceptions, les motivations et les expériences des jeunes âgés de 10 à 25 ans concernant l'acquisition, le port et l'utilisation criminelle d'armes, en particulier de couteaux en Australie.

 

Les auteurs ont examiné les données de plusieurs sources, y compris les données qualitatives de 82 jeunes. Bien que la taille relativement petite de l'échantillon et les limites de la méthodologie d'auto-évaluation doivent être reconnue (Merner & Delacorn 2010).

 

Bondy, Ogilvie et Astbury (2005) ont noté qu'il n'y avait eu aucun travail longitudinal indiquant un changement dans les caractéristiques ou la nature du port du couteau au fil du temps. Les auteurs ont souligné les facteurs suivants comme étant pertinents pour le port du couteau :

  • prédisposition à de nombreux problèmes (consommation et vente de drogues, attitudes agressives et bagarres, problèmes de santé mentale, comportement sexuel à risque, mauvais comportement scolaire) ;
  • peur et vulnérabilité ;
  • influence sociale.

Ces deux derniers facteurs étaient apparemment de meilleurs prédicteurs du port d'armes que la propension aux problèmes de violence.

 

Dans l'ensemble, ils ont fait valoir que la décision d'acquérir, de porter ou d'utiliser une arme « doit finalement être considérée dans un cadre social large » et que ne pas le faire entraînerait « des interventions mal conçues et inefficaces » (Bondy, Ogilvie & Astbury 2005 : 113).

 

Ils ont donc appelé à « des efforts continus pour engager les jeunes dans des activités prosociales et réduire le niveau de risque perçu et réel dans l'environnement » (Bondy, Ogilvie & Astbury 2005 : 114).

Criminalité, port d’un couteau et jeunesse

Dans une autre étude australienne clef, Brown et Sutton (2007) ont interrogé 150 « jeunes de rue » et 184 « jeunes scolarisés » à Sydney, fournissant un aperçu clef du port et de l'utilisation du couteau par les jeunes.

 

Encore une fois, la recherche était quelque peu limitée, compte tenu de la petite taille de l'échantillon et du faible taux de réponse de l'échantillon scolaire, ce qui peut avoir causé un biais possible dans les données. Néanmoins, il a donné les principales conclusions suivantes :

  • l'échantillon de la rue était plus susceptible que l'échantillon scolarisé de connaître quelqu'un qui portait fréquemment des couteaux ou des outils pouvant être utilisés comme armes (49 % contre 27 %) ;
  •  57 % et 23 % respectivement ont admis qu'ils portaient de tels objets au moins occasionnellement ;
  •  58 % de l'échantillon de rue avait porté un couteau/instrument offensif au cours de la semaine précédente et 23 % supplémentaires (total de 81 %) au cours des dernières semaines.

Les chiffres pour l'échantillon scolaire étaient de 36 et 21 % respectivement (57 % au total) ; et l'âge le plus courant auquel les deux groupes ont déclaré avoir commencé à porter un couteau/instrument offensif était de 13 à 14 ans (Échantillon de la rue 42 % ; échantillon scolarisé 69 %) ; un nombre plus petit mais substantiel a admis les avoir entre cinq et 12 ans (Échantillon de rue 23 % ; échantillon scolarisé 32 %).

Réponse institutionnelle et sociologique

Cette dernière constatation est particulièrement pertinent compte tenu de la découverte récente en Écosse selon laquelle la plus forte influence sur le port d'un couteau à 16 ans était le port d'un couteau à 13 ans. Cela suggère qu'une intervention précoce ciblée sur ceux qui portent des armes à un jeune âge pourrait avoir un impact préventif significatif (McVie 2010).

 

Brown et Sutton (2007) ont constaté que des proportions similaires des deux groupes ont déclaré porter ces armes dans des lieux publics, tels que des événements sportifs (tous deux 44 %) et des concerts (53 % contre 51 %).

 

Cependant, l'échantillon de rue était beaucoup plus susceptible de transporter des couteaux dans les gares (91 % contre 63 %) ou à la maison (64 % contre 30 % ; Brown et Sutton n'ont pas par contre expliqué comment le « domicile » était défini pour l'échantillon de rue).

 

Dans l'échantillon scolarisé, 47 % ont déclaré porter des couteaux à l'école. Parmi les répondants qui transportaient de tels outils, 15 % de l'échantillon de rue et 27 % de l'échantillon scolarisé les avaient utilisés comme arme au moins une fois, tandis que 59 % et 32 % respectivement les avaient utilisés à plus d'une occasion. L'échantillon de rue était également beaucoup plus susceptible d'avoir été arrêté et fouillé par la police (77 % contre 17 %).

 

Brown et Sutton (2007) ont indiqué que les facteurs clefs qui semblaient être associés au port du couteau étaient les mêmes facteurs qui se rapportent plus largement à la délinquance juvénile.

 

Ceux-ci étaient—avoir des antécédents de victimisation et d'exposition à la violence et se sentir craintif et/ou adopter des comportements à risque (par exemple, consommation/vente de drogue, bagarres et adhésion à des gangs).

 

Les influences des pairs et de la famille ont également contribué au port d'armes et ont été aggravées par le désavantage socio-économique, l'activité illicite liée à la drogue, la désintégration de la communauté, la disponibilité des armes et le manque de possibilités d'éducation et d'emploi.

 

De manière significative, les perceptions des jeunes en matière de sécurité, en particulier dans les espaces publics et la nuit, ont influencé le port du couteau.

Les menaces et agression aux couteaux est réelle chez les jeunes

« Un nombre surprenant de jeunes de l'étude ont fait l'objet de menaces et d'agressions avec des couteaux/instruments offensifs » (Brown et Sutton 2007) . Cela donne à réfléchir à réaliser que bon nombre de ces agressions sont menées non seulement par des étrangers, mais aussi par des membres de la famille et des amis.

 

Ainsi, dans le contexte d'une société qui tolère ce type de comportement, il n'est guère surprenant que les jeunes utilisent ces méthodes pour « se protéger » ainsi que pour renforcer leur propre sentiment de pouvoir et d'estime de soi.

 

Dans d'autres recherches publiées simultanément par l'Australian Institute of Criminology, Bartels (2011) a examiné les réponses législatives et politiques actuelles et proposées sur cette question en Australie et au Royaume-Uni. Les données de recherche sur les réponses telles que les amnisties, les pouvoirs d'interpellation et de fouille, l'augmentation des peines de prison et l'éducation et la sensibilisation de la communauté ont également été prises en compte.

 

Comme Eades et al. (2007 : 27) l’ont noté, il est « loin d'être clair de savoir ce qui fonctionne réellement pour réduire le port de couteau et les infractions au couteau » en Australie.

 

Bien qu'il soit reconnu que des recherches supplémentaires dans ce domaine sont nécessaires pour mieux délimiter le port et l'utilisation des couteaux, la présentation de ces données australiennes est une première étape importante.


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Sources : 

 

- https://www.aic.gov.au/publications/tandi/tandi417

- Brown J & Sutton J 2007. Protection or attack? Young people carrying knives and dangerous implements. 

- Eades C, Grimshaw R, Silvestri A & Solomon R 2007. 'Knife crime': A review of evidence and policy, 2nd ed. London: Centre for Crime and Justice Studies. http://www.crimeandjustice.org.uk/opus439/ccjs_knife_report.pdf

- McVie S 2010. Gang membership and knife carrying: Findings from the Edinburgh study of youth transitions and crime. Edinburgh: Scottish Government Social Research. http://www.scotland.gov.uk/Resource/Doc/324153/0104312.pdf