18/06/2025

Les données épidémiologiques révèlent une prédominance masculine dans les homicides toutes catégories confondues, avec :

• Environ 81 % d'hommes victimes.

• Contre 19 % de femmes au niveau mondial.

Cependant, cette répartition masque des spécificités importantes concernant les homicides par arme blanche.

L'analyse des taux régionaux montre que les Amériques présentent le taux d'homicides féminins le plus élevé avec 7,50 pour 100 000 femmes, suivie de l'Afrique avec 4,30 pour 100 000.

L'évolution temporelle des homicides par arme blanche montre une tendance inquiétante depuis 2014.

Au Royaume-Uni, les statistiques officielles indiquent que les homicides par arme blanche ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 1946, avec 282 victimes en 2021-2022, représentant 41% de tous les homicides enregistrés.

Cette tendance s'observe également dans d'autres pays européens, bien qu'avec des variations significatives selon les contextes nationaux.

Les études tunisiennes révèlent une prédominance masculine marquée avec un ratio de 22 (45 hommes pour 2 femmes, soit 96 % d'hommes) dans les homicides par arme blanche.

L'âge moyen des victimes s'établit à 32,3 ± 10 ans avec des âges extrêmes de 12 à 63 ans.

Ces données contrastent avec les patterns observés dans d'autres régions où les disparités de genre présentent des nuances contextuelles importantes.

L'analyse comparative des homicides par arme blanche s'appuie sur diverses sources de données institutionnelles.

L'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime a développé un cadre statistique spécifique pour recenser les meurtres liés au genre, incluant les féminicides.

Ce cadre distingue différentes catégories d'homicides selon le contexte, la relation entre victime et agresseur, et le mobile.

Les études comparatives internationales adoptent généralement une approche multidimensionnelle, combinant analyses quantitatives des tendances statistiques et analyses qualitatives des contextes socioculturels.

La méthodologie développée par l'OMS pour l'étude de la violence interpersonnelle intègre une perspective de santé publique qui examine les facteurs : 

• De risque individuels.

• Relationnels.

• Communautaires.

• Et sociétaux.

La dixième révision de la classification internationale des maladies (CIM-10) permet une standardisation des conclusions d'autopsie dans les homicides par arme blanche.

Les homicides représentent le plus souvent des décès secondaires à des plaies par arme blanche, constituant 35,8 % des cas dans certaines études.

Cette classification facilite la comparabilité internationale des données épidémiologiques.

Limites des données sur les homicides par arme Blanche
Défis de comparabilité internationale

La comparaison internationale des données se heurte à plusieurs obstacles méthodologiques significatifs.

Les définitions légales de ce qui constitue un homicide par arme blanche varient selon les juridictions, de même que les méthodes de collecte et de classification des données.

Certains pays ne comptabilisent que les homicides, tandis que d'autres incluent les agressions, les vols ou les menaces impliquant des couteaux.

De nombreuses agressions au couteau non mortelles ne sont pas signalées aux autorités, particulièrement dans les régions où les infrastructures policières sont limitées.

Le défi réside dans la disponibilité limitée de données désagrégées par sexe.

Selon l'OMS, seulement 84 pays sur 194 disposent de données sur les homicides désagrégées par sexe/genre, avec des différences prononcées entre les pays et régions.

Cette lacune complique l'analyse comparative des pratiques de victimisation par arme blanche selon le sexe.

L'analyse révèle des patterns de victimisation distincts entre hommes et femmes dans les homicides par arme blanche.

Au Royaume-Uni, les statistiques montrent que 50 % des victimes masculines d'homicides sont tuées par une arme blanche, comparé à 35 % des victimes féminines.

Cette différence significative indique que les hommes sont plus susceptibles d'être victimes d'homicides par arme blanche dans certains contextes.

Les femmes présentent une vulnérabilité particulière aux homicides par arme blanche dans le contexte domestique.

Selon les données internationales, 58 % des femmes tuées dans le monde le sont par leur partenaire intime ou un membre de leur famille.

Au Canada, 34% des homicides liés au genre concernant les femmes et les filles ont été commis par arme blanche, constituant la méthode la plus fréquente.

Les disparités de sexe dans les homicides par arme blanche s'inscrivent dans des contextes socioculturels caractérisés par des inégalités structurelles.

La violence masculine s'exprime davantage dans l'espace public, souvent liée à des conflits interpersonnels ou à la criminalité organisée.

En revanche, la violence létale contre les femmes s'inscrit fréquemment dans des dynamiques de contrôle et de domination au sein de la sphère privée.

Les données révèlent que les interventions de prévention doivent tenir compte des différences de sexe dans l'utilisation d'armes blanches et les contextes de violence.

Des programmes spécifiques ciblant la violence domestique sont essentiels pour espérer réduire les homicides féminins par arme blanche, tandis que des interventions sociales peuvent être plus appropriées pour prévenir la violence masculine dans l'espace public.

L'intégration d'une perspective de sexe dans les politiques de sécurité publique et de prévention de la violence est déterminante pour répondre efficacement aux pratiques différenciés d'homicides par arme blanche.

Cette approche implique de reconnaître les vulnérabilités sociologiques des femmes et des hommes et de développer des stratégies adaptées à leurs besoins particuliers.

L'analyse comparative des homicides par coup de couteau entre femmes et hommes révèle des disparités significatives qui reflètent des dynamiques sociales et contextuelles complexes.

Si les hommes sont globalement plus touchés en termes absolus, les femmes présentent des vulnérabilités spécifiques, particulièrement dans le contexte domestique.

Les défis méthodologiques liés à la collecte et à l'analyse des données soulignent la nécessité d'adopter une approche rigoureuse et standardisée pour mieux comprendre ce phénomène.

Une prévention efficace des homicides par arme blanche requiert des interventions ciblées qui tiennent compte des spécificités de genre et s'attaquent aux facteurs structurels sous-jacents.

Seule, la rigueur scientifique dans la collecte, l'analyse et l'interprétation des données constitue un préalable indispensable à l'élaboration de politiques publiques efficaces en matière de prévention de la violence par arme blanche.

Sources :

- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC9915815/
- https://www.unodc.org/documents/data-and-analysis/GSH2018/GSH18_Gender-related_killing_of_women_and_girls.pdf
- https://livrepository.liverpool.ac.uk/3097426/1/Current%20Sociology%20Cook%20and%20Walklate%20accepted.pdf
- https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28832274/
- https://ifas.org.uk/wp-content/uploads/2024/10/DHR-Series-Report-4-A-Comparative-Analysis-17.10.24.pdf
- https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1359178922000556
- https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/02685809251336694
- https://www.unodc.org/documents/data-and-analysis/briefs/DATAMATTER5_Femicide_Fr.pdf
- https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/wp-content/uploads/sites/4/2020/03/ODD_16_Rapport2019.pdf