27/09/2025
La légitime défense en France, censée garantir la sécurité personnelle face à une agression, devrait être aujourd’hui au cœur d’une controverse aussi juridique que sociale.
En principe, ce dispositif devrait protéger tout citoyen victime de violences, mais ses conditions d’application se révèlent souvent incompatibles avec la réalité
quotidienne.
La législation sur la légitime défense, bien qu’ancrée dans le droit, est vieillissante face aux phénomènes modernes de violence et pour sa tendance à sanctionner plus qu’à protéger.
Qui va se frotter et se confronter à la rudesse de la violence dans son quotidien sans aucun moyen de se protéger autre que de
réagir comme il le peut et sous le courroux répressif de l'absurdité de la défense légale ? Le citoyen lambda sans défense.
Ce paradoxe soulève de multiples problématiques sur l’efficacité, la proportionnalité et la reconnaissance de la réponse légitime dans un État de droit.
Le droit français impose que l'acte de défense soit strictement proportionné à l’agression subie et intervienne immédiatement, sans préméditation.
Or, la soudaineté et l’intensité d’une agression rendent impossible le respect de ces critères stricts, mettant en danger la protection des victimes elles-mêmes.
Aujourd’hui, de nombreux citoyens ayant eu recours à la légitime défense doivent affronter des poursuites
judiciaires.
La jurisprudence montre que les affaires où la défense est reconnue restent rares, la majorité étant requalifiées en violences volontaires, voire en homicide.
Cette incertitude juridique nourrit la peur d’agir et favorise une dynamique répressive plutôt que préventive.
La légitime défense est devenue dans les faits un véritable dogme répressif.
La loi, pensée pour réguler l’usage de la force, s’est rigidifiée à tel point qu’elle s’oppose à l’intérêt commun qu’elle devrait servir, accentuant sa rupture avec la réalité du terrain.
L’état de droit vise l’équilibre entre la puissance publique et l’individu.
Mais la gestion de la violence légitime y reste soumise à des interprétations juridiques déconnectées des phénomènes réels.
Le citoyen, soumis à la même norme que l’État, se retrouve dépourvu face à l’insécurité quotidienne.
L’appréciation du caractère légitime de la défense repose sur des juges dont l’expérience de la violence réelle est contestable.
Les décisions diffèrent selon l’interprétation et la sensibilité du magistrat, générant une instabilité juridique préjudiciable à la sécurité des citoyens.
Ce décalage crée une vulnérabilité systémique.
Les conditions requises pour admettre la légitime défense amenuisent sa portée, au détriment de la sécurité des victimes et d’une saine gestion de la violence dans la société.
La législation actuelle ne tient pas compte des découvertes sur la sidération, la tétanisation ou l’effet tunnel :
Les textes sont obsolètes au regard des connaissances neuroscientifiques modernes.
Les pratiques enseignées en self défense et les réactions instinctives, légitimées par la science, sont en contradiction avec les exigences légales.
Ce fossé accentue la précarité des victimes qui agissent sous le coup de l’émotion et de la peur.
Le système judiciaire ne prend pas en compte les biais cognitifs affectant la prise de décision en cas d’agression, renforçant le sentiment d’injustice chez ceux confrontés à la violence.
La législation sur la légitime défense ne reflète pas les besoins du terrain.
Elle apparaît comme une fiction juridique, incapable de faire face à la violence réelle.
Une situation dénoncée autant par les experts que le citoyen lambda.
Sa contribution au bien commun est de plus en plus contestée.
Au lieu de protéger la population, elle la contraint à l’inaction ou à la répression, favorisant ainsi le sentiment d’insécurité.
L’évolution de la jurisprudence demeure insuffisante :
La méconnaissance des réalités de la violence et des sciences comportementales handicape le système judiciaire, qui ne prend pas en compte l'instinct de conservation et les réactions humaines en situation de danger.
La justice s’appuie sur des « preuves » souvent contestables (présomption, témoignages), renforçant son imperfection et sa difficulté à juger équitablement les cas de légitime défense.
Le manque de dialogue entre juristes, psychologues, sociologues et experts du terrain conduit à une stagnation du droit et à une absence de reconnaissance de la légitime défense au service des victimes.
Aucune justice n’est infaillible. Les limites du système de preuve et l’absence de prise en compte des circonstances exceptionnelles prouvent l’imperfection intrinsèque du modèle judiciaire français.
Ce sont les victimes qui paient le prix fort de cette imperfection, souvent condamnées ou privées de reconnaissance, malgré un contexte d’agression avéré.
La législation, trop normative, oublie l’humain derrière chaque dossier :
Pour restaurer le rôle protecteur de la légitime défense en France, il serait impératif de refondre la loi selon les avancées scientifiques et les réalités du terrain.
L’assouplissement des exigences de proportionnalité et l’élargissement des hypothèses de présomption seraient des mesures salutaire.
Mutualiser les compétences, intégrer la neurosciences et la psychologie dans la formation des magistrats, favoriser la reconnaissance de l’instinct de survie :
Pour pouvoir aborder la self-défense et l’agression en tant que pratique utile qui permettrait de se sortir de situation de violence... Self-défense et l'agression ?
L'une des vérités sur les mythes de la self défense contre un couteau, est que nous sommes biologiquement dans l'impossibilité... Self défense contre couteau : système de décision
Sources :
(1) MAINTIEN DE L'ORDRE ET AUTORITARISME. L'ordre public, sans la police
https://www.socialter.fr/article/ordre-public-populaire-police-autoritarisme
Fabien Jobard
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fabien_Jobard
(2) Légitime défense au programme : que vaut la « défense excusable » ?
https://www.institutpourlajustice.org/wp-content/uploads/2024/04/rouvier-defense-excusable.pdf