Comment se défendre ? « En cas d’attaque au couteau, il faut rester calme, prudent et se défendre si cela s'avère nécessaire. » Nous voilà bien avancé ! Comment est-il encore possible
d'avoir l'irresponsabilité morale d’écrire ce genre d’inepties ? Si ce n’est l’appât du gain, il ne semble pas qu’il puisse y avoir d’autres explications. Ce genre de sujet est bien trop grave et
sérieux pour être traité par des médias grand public qui ont pour unique objectif, celui de vendre. En cas d’attaque au couteau, s’il y a bien une unique certitude, c’est que pratiquement
personne ne pourra rester calme. Et que quasiment toutes les attaques avec un couteau qu’il est possible de visionner sur la plupart des vidéos sur YouTube sont irréalistes. La réalité ne
proposera pas d'attaques chorégraphiées, pas de grands mouvements larges et, surtout, surtout pas de collaboration avec la victime. Rien de tout ce qu’il est possible de voir en dessin ou en
leçons virtuelles ne peu retranscrire un brin de réalité.
Entre les mains de n’importe qui le couteau est un instrument mortel, silencieux et invisible. Historiquement, cet objet a parcouru un long chemin et le fera encore probablement beaucoup. En
diversifiant les matériaux et les techniques avec lesquels il est fabriqué, son marché continuera son développement. Objet indispensable à la survie au départ, symbole de pouvoir, arme... Depuis
l'âge de bronze, les évolutions des techniques métallurgiques du couteau ont suivi l’évolution de plus en plus diversifiée et les demandes constante des sociétés humaines.
L'utilisation du couteau en self-défense pour diverses raisons, à toujours été un sujet tabou (voir diabolisé),
réservé uniquement aux professionnels ou militaires. Il est ancré dans l’inconscient collectif que ce ne sont pas des compétences à fournir à quiconque. Soit. Sauf que les faits actuels
démontrent que cet objet étant à la portée de tous, il serait peut-être temps de faire évoluer les mentalités et d’expliquer de façon approfondie les tenants et aboutissants de cette arme
redoutable aux citoyens soucieux de s’en protéger. La survie face à une personne déterminée tenant dans ces mains cet objet, est telle, qu’une spécialisation est nécessaire. De très nombreuses
autres cultures (pays de l’est, Asie…) agissent de la sorte depuis des générations, sans conséquences particulières.
Quand l’effet gourou (1) et le bullshit (2) s’entremêlent : le « méchant » prend la pose avec le couteau bien visible, le visage belliqueux et attaque avec des mouvements ouverts, lents et bien
visibles. Le « gentil », c’est-à-dire l’instructeur de service, se tient prêt et prend également la posture prescrite par l’art martial qu’il pratique, en attente d’être attaqué. Dès que le «
méchant » bouge, le « gentil » réagit dans le temps impartit avec une « technique » qui, comme par enchantement met instantanément KO le « méchant » ou, au contraire, est si efficace qu'elle
arrête suffisamment longtemps pour pouvoir terminer la défense avec d'autres « techniques ». La probabilité d’efficacité et de reproductibilité est quasi nulle et ne fait que reproduire les
mythes et croyances. La survie en cas d'attaque au couteau ne peut être enseignée que si vous savez comment vous en servir au combat.
Cette arme est à la portée de tous et à la possibilité de surgir de façon soudaine dans n’importe quel milieu, dans n’importe quelle situation conflictuelle et pour n’importe quels motifs. Les mythes et croyances ont la peau dure et s’avèrent extrêmement dangereux face à une lame tranchante : « Il faut douter tant que l'on ignore » (3). Il est donc salutaire de rester sceptique. Mais un scepticisme bienveillant, orienté vers les sciences (jusqu’à preuve du contraire) et le bien commun. En essayant toujours de garder cet esprit critique sain, qui ne cherche donc pas à dénigrer qui que ce soit ou n’importe quel école. Le but n'est donc pas d'offenser, mais de diffuser une culture de défense contre le couteau la plus authentique possible. La survie contre un couteau à mains nues est extrême, spécialisée et indubitablement mortelle. La self-défense contre un couteau et l’escrime lame courte sont historiquement et scientifiquement liées dans leur pratique. De nombreux pédagogues utilisent des techniques spectaculaires sans avoir une réelle expérience ou aucune connaissance de l'escrime au couteau. Dans laquelle la connaissance du timing d'entrée, la vitesse, le travail au pied et la puissance, rend extrêmement simple pour n’importe qu’elle jeune pratiquant d’escrime lame courte, la défaite de l’instructeur le plus expérimenté. Si le conflit est inévitable, il faut être prêts à faire quelque chose pour ne pas avoir à subir l’énorme désavantage de ne pas pouvoir et/ou de savoir faire quoi que ce soit. Force est de constater qu’en passant nombre de ces techniques dites de self-défense par le filtre de simples impératifs comme :
La résultante est plus que douteuse. Pour peu que vous y arriviez, si vous tenter de réaliser ce type de gestes dits de self-défense, dans un contexte réel, préparez-vous plutôt pour le bloc
opératoire, car c'est là que vous allez finir. Et exclusivement si vous avez de la chance. La réalité est malheureusement toute autre, et nombre de ces enseignants n’ont pas réellement étudié en
quoi consiste une véritable attaque au couteau. Ils vendent par conséquent à leurs élèves les mêmes choses que celles qu'ils ont apprises d'autres personnes, sans aucune remise en question.
Expérience accessible à tous pratiquants : équipez-vous au préalable de tous les moyens de protection nécessaire (casque, avant bras, mains…). Le « défenseur » porte un tee-shirt blanc et «
l’attaquant » se dote d’un marqueur rouge qui fera office de couteau. Afin de tenter de simuler un effet de surprise, le « défenseur » commence l’exercice les yeux fermés et c’est « l’attaquant »
qui donne le signal de départ. Dans un temps impartis de dix secondes, avec un nombre de coups inconnus, des angles d’attaque inconnu… Ensuite, comptez le nombre de lignes et de points sur le
tee-shirt, correspondant respectivement aux coupures et aux perforations, ainsi que leur position (gorge, viscères ...), afin de constater la probabilité de survie de cette technique.
« Ne combattez jamais le couteau, mais essayez de survivre contre celui-ci ». Cette introduction au combat n’a pour objectif unique que d’être didactique (4). La mise en application ne doit se pratiquer uniquement qu’avec l’encadrement d’une personne qualifié. L'entraînement à la survie au combat contre un couteau implique l'étude et la pratique régulière en mouvement de ces connaissances. La pratique en mouvement, lors de combat systématique à chaque entraînement, est la substantifique moelle d’une école spécialisée dans la survie contre un couteau. Cette connaissance constitue malgré tout le premier bouclier psychologique pour atteindre la défense à mains nues face à un couteau. L’affrontement d’un couteau est un combat de quelques secondes entre l’engagement de l’arme et la conclusion de la lutte. Après quoi, l’un des deux combattants sera dans une position d’avantage ou de désavantage pour vaincre dans la deuxième partie de l’affrontement. Les coupures, en plus des dommages physiques, mèneront à une destruction psychique plus grande et plus rapide d’un des deux adversaires. Lors d’un véritable affrontement, la préparation physique prend bien évidemment tout son sens. Un corps tonique et souple rendra les mouvements fluides, rapide et puissants et augmentera la probabilité de survie. Mais l’un ne va pas sans l’autre. Un physique à toute épreuve ne remplacera jamais ce minimum de connaissances :
Si ce n’est au préalable s’entraîner au mieux et sans croyances. Que faire pour rester en vie face à l’inéluctable imprévisibilité de l’apparition d’un couteau ? Il ne faut jamais oublier
qu’il n’y a pas de techniques de self-défense à mains nues à proprement parlé contre le couteau, mais des tactiques pour ne pas se faire toucher dans les zones vitales. Afin que cela puisse être
efficace, nous ne nous défendons pas, mais nous essayons de survivre. S'il y a une phase de pré-agression et de confrontation verbale, il faut toujours faire en sorte de
savoir ou sont les mains : si elles s'approchent de son corps, en particulier de ses poches ou si elles vont dans son dos, il n’y a pas à attendre de comprendre ce qu'il veut, donnez-vous la
fraction de seconde nécessaire pour vous échapper le plus rapidement possible. Il n’est pas possible de fuir ? Ramassez tout objet qui peut créer une distance avec l’attaquant : une chaise, un
parapluie, une veste... Ou tout autres objets mobilier fixe autour de vous : table, poteau, voiture... Et essayez de tenir cette distance en criant pour attirer l’attention. Il n’y a rien ? Alors
vous avez un très gros problème. Préparez-vous à utiliser les seules choses qui restent à disposition, les membres du corps. Ce qui n’est jamais bon signe.
De ce fait, que faire dans ce genre de situation. Bien évidemment, pour savoir comment faire, il faut participer régulièrement aux entraînements spécifiques consacrés à ce sujet. Par écrit sur
Internet, ce n'est surtout pas l'endroit pour partager cette connaissance. Ce serait irresponsable, et même extrêmement dangereux. De plus, comme mentionné ci-dessus, cela ne correspondrait plus
qu’à des astuces soumises à interprétations et de la pure théorie. Ce savoir, savoir faire, savoir être doit être pratiquées de manière encadrées, répétées et surtout sous contrainte, afin qu’il
puisse offrir l’opportunité de survivre le jour J, à l’instant T.
Sources
(1) http://www.dan.sperber.fr/wp-content/uploads/2009/10/EffetGourou.pdf
(2) https://www.rts.ch/info/sciences-tech/9433771-qu-est-ce-que-le-bullshit-le-concept-a-l-origine-de-la-post-verite-.html
(3) Mirabeau. Sur Moses Mendelssohn, Introduction (1787)
(4) Qui vise à instruire. https://www.cnrtl.fr/definition/didactique
01/11/2019
Durant toute l’histoire de l’escrime et du combat avec arme, le maître d’armes a toujours été un expert du maniement à des fins utilitaires, opérationnelles ou réelles... Escrime lame courte : la reconnaissance