La méthode pédagogique qui permet d'éviter de se faire agresser est d'une extrême simplicité et à la portée de tout un chacun. Par contre sa généralisation et sa contextualisation est
indubitablement aussi rigoureuse et aléatoire que la pratique d’un sport de combat. La plupart des programmes sur l’approche par les compétences permettant d’éviter de se faire agresser existent
et il n’y a plus rien à inventer. Simplement, en France, cette connaissance est rarement intégrée dans la majorité des cours de self-défense. Contrairement à une certaine frange de la population
dont le métier consiste au maintient de l’ordre, le citoyen n’a globalement pas accès à ce type de programmes pourtant essentiels. Programmes de formation qui lui permettrait d’assurer plus
correctement sa protection personnelle et celle d’autrui.
Éviter de se faire agresser commence par l’intégration dans son mode de penser de l’ensemble des moyens que tout individu dispose pour faire face à une situation qui met son intégrité physique en
péril. Actuellement pour certain/ne, sortir est déjà se confronter à un danger, de surcroît invisible. Jamais autant de personne n’ont été vigilante sur la gestion des distances entre individus
et sur leur environnement. C’est un peu le même principe concernant le code couleur d’état de vigilance. Sauf qu’il y a une différence notoire avec le climat anxiogène et délétère actuelle : dans
l’application de ces principes simples, il n’y a aucun « comportement ou pensée paranoïaque ». Par la réécriture du lien social entre les humains, il se créer actuellement une dissonance nocive
des notions de confiance et de méfiance envers l’autre (sécurité/insécurité). « Je dois me méfier de chaque individu que je croise dans la rue tous les jours ». Il s’agit d’une rupture totale de
la cohésion sociale du jour au lendemain que nous n’avons jamais vécu. La mise en place de ces pseudos principes de distanciation sociale risque bien au contraire de générer encore plus
d’agressivité et de violence ente les individus. En temps qu’espèce sociale, il nous sera impossible de soutenir longtemps cette pression psychologique. « Car s’il est vrai qu’il y a des risques
que nous ne pouvons pas prendre, il y a aussi un risque » psychologique « à vouloir se protéger contre tous les risques » (1).
Il y a donc « l’individu » qui évolue dans un « contexte » et « d’autres individus ». A contrario, dans la majorité des pratiques martiales et celles dites de self-défense, qui sont foncièrement
déconnecté de ce contexte par le simple fait de pratiquer pieds nus sur une surface bien plane, de s’entraîner dans des tenues de sport spécifique... Il y a donc lieu de s’interroger : pourquoi
toujours sur un tatami ? Pourquoi toujours dans une tenue qui n’a aucun rapport avec celle porté au quotidien ? L’approche majoritaire des formations consiste à essayer de transformer «
l’individu » en essayant de lui apprendre à combattre « un autre individu ». Point. Il s’avère que la toute première chose à laquelle est confronté « l’individu » dans son quotidien est le
changement de contexte perpétuel. Ce qu’il faudrait donc peut être envisagé, c’est de former à la prise de conscience du « contexte », afin d’essayer d’influer sur celui-ci. L’apprentissage de la
maîtrise de « l’autre » peu se mettre en place dans le même temps, mais impérativement en lien avec l’apprentissage de la gestion du « contexte ». L’apprentissage de la désescalade verbale, des
phases de pré-agression, de la lecture des signaux non-verbaux de pré-agression, de la connaissance de ses émotions… Et uniquement après vient la pratique intensive et l’entraînement au combat
conceptualisé. Le programme de formation d’auto-défense d’un citoyen ne nécessite pas de regrouper une aussi forte quantité de gestes techniques (constitué souvent de gestes fins) que ce
qui est proposé généralement. Il faut qu’il soit le plus simpliste possible, afin qu’il puisse restituable et généralisable pour tous civils que nous sommes.
John Dean « Jeff » Cooper (1920-2006) était un officier du Corps des Marines des États-Unis et le créateur de ce que l'on appelle « la technique moderne » du tir à l'arme de poing. Il a publié de
nombreux livres, dont « Principles of Personal Defense ». Dans le chapitre sur la sensibilisation, Cooper présente une adaptation du système des « Marine Corps » pour différencier les états de
préparation mentale. Le code couleur, tel qu'introduit à l'origine par John Dean Cooper, n'avait rien à voir avec des situations tactiques ou des niveaux de vigilance, mais plutôt avec son état
d'esprit. Cela dépend du degré de péril auquel vous êtes prêt à faire quelque chose et qui vous permet de passer d'un état d'esprit à un autre pour vous permettre de gérer correctement une
situation donnée. John Dean Cooper n'a pas prétendu avoir inventé quoi que ce soit en particulier avec le code de couleur, mais il était apparemment le premier à l'utiliser comme indicateur de
l'état mental. Puisque nous ne sommes pas dans l'armée et n'utilisons pas d'armes à feu (normalement), jetons un coup d'œil à la version adaptée pour nous, civils.
Il se compose de quatre paliers identifiés chacun par un code couleur spécifique : blanc, jaune, orange, rouge. Il ne serait pas sain psychologiquement de rester en permanence à l'une ou l'autre
extrémité de ce code couleur. L'objectif étant de développer des capacités intellectuelles d'observation suffisantes pour toujours essayer d'adapter son comportement par rapport à son
environnement. Ce code couleurs est à considérer comme un système d'alarme interne, dans lequel il faut apprendre à manipuler l'augmentation et la baisse selon les circonstances de sa
vigilance.
Code blanc : état non préparé où vous n'avez pas conscience de notre environnement.
Le code blanc est un état psychologique ou une personne n'a aucune conscience de son environnement. Si vous êtes dans le statut « blanc », vous êtes par définition inattentif. Dans la vie
courante, la plupart des gens agissent et se déplacent en code blanc. Se rendre sur son lieu de travail par l'intermédiaire des transports en commun peut s'effectuer de façon parfaitement
machinale, sans prêter d'attention consciente un seul instant à l'itinéraire habituel. Tout en étant absorbé par ses pensées. Si un événement soudain se produit à ce moment, vous ne pouvez pas
percevoir votre environnement, vous serez surpris et vous ne pouvez réagir. Une personne en code blanc dans un lieu public est potentiellement une proie idéale pour un agresseur. Une image
typique peut être observée tous les jours dans les transports publics. Combien de personnes est-il possible de voir avec un casque sur les oreilles, en train de regarder son smartphone ? Le code
« blanc » est réservé à son domicile (sauf exception) et n'est pas une bonne base pour pouvoir agir tactiquement.
Code jaune : État d'alerte décontracté et détendu par défaut.
Le code Jaune est un état de conscience décontracté à mettre en application à partir du moment où l'on sort de chez soi. Cela n'a rien à voir avec un état de paranoïa où vous allez vous imaginer
des scénarios tous aussi terribles les uns que les autres. Quand on circule dans la rue, vous devez balayer sereinement l'environnement avec votre vision périphérique. Le code jaune est un état
émotionnel décontracté, mais alerte, en observant simplement ce qui vous entoure. Quand quelque chose va attirer votre attention, vous allez pouvoir l’évaluer. Ces évaluations, ces jugements,
sont la spécialisation de notre cerveau, qui consciemment ou inconsciemment, ne fait qu'évaluer assidûment des données plus ou moins complexes. Vous êtes détendu mais attentif. Il ne vous faut
aucun effort pour être en code « jaune », donc idéalement, c'est le niveau auquel vous niez votre vie quotidienne. John Dean Cooper décrit l'état d'esprit correspondant avec la devise : «
Aujourd'hui pourrait être le jour où je devrais me défendre. Aujourd'hui est peut-être le jour où je dois me défendre ».
Code orange : État d’alerte spécifique.
Quelque chose ne va pas, vous avez remarqué quelque chose avec lequel vous n'êtes pas à l'aise. Votre attention est concentrée sur ce danger possible. Si le danger n'est pas spécifique, il faut
agir maintenant et vite. Est-il possible de changer d'emplacement ou de direction pour éviter un conflit ? Pouvez-vous améliorer votre position ? Votre état d'esprit doit être : « Peut-être que
je dois combattre cette personne tout de suite ». Cette condition est stressante, mais elle doit être maintenue jusqu'à ce que la situation soit claire pour vous. Si tel est le cas, vous pouvez
vous détendre en « jaune ».
Code rouge : État d'engagement total dans l'action.
Vous êtes en danger. Vous devez agir et vous êtes obligé de vous battre ou de fuir (se soumettre dans le cas de vol). Dans cet état, le corps et l'esprit sont souvent tétanisés et déconnectés.
Très souvent, cet état est successif à une agression (verbal ou physique) soudaine qui va vous paralyser. Donc peu importe ce que vous allez faire, afin de compenser ces phénomènes biologiques,
il faudra que cela soit le plus cohérent possible, sans compromis, avec une détermination sans faille et avec une rage de s’en sortir sans faiblesse. Une fuite timide est vouée à l'échec, tout
comme la douce menace d'un combat à venir.
- l'un des facteurs les plus importants de l'autoprotection est l'attention ;
- « Le moyen le plus important de survivre à une confrontation mortelle n'est ni l'arme ni les compétences martiales. L'outil principal est l'état d'esprit de combat. » (2) ;
- le sens de cette pratique doit être latent, quasi permanent et relâché ;
- qu’est-ce que je mets en place dans ma vie de tous les jours qui me permet d’être bien et prêt ou au contraire qui pourrait m’attirer des ennuis ?
- il est fort possible que cela ne soit qu'une fois sur mille que cette gymnastique intellectuelle vous permettra de ne pas être celui ou celle qui sera la victime. Mais autant être prêt pour ce
jour-là.
Sources
(1) Raffaele Alberto Ventura
(2) John Dean Cooper
Des centaines d'études confirment depuis des années le lien de cause à effet entre l'intoxication au plomb, auquel des millions d'individus dans le monde ont été exposés, et la violence (1)... Pourquoi la criminalité chute : le plomb ?
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