10/01/2020

Se défendre contre une attaque au couteau

se défendre contre une attaque au couteau

Comment se défendre contre une attaque au couteau ? Les attaques au couteau sont majoritairement imprévisibles et par nature aléatoire.

  • Premièrement, ne jamais croire que désarmer le détenteur d'un couteau est la meilleure solution ou simplement statistiquement fiable pour son intégrité personnelle.
  • Deuxièmement, ne jamais croire les techniciens de dojos qui ne se servent volontairement ou non, que de la puissance de biais cognitifs, comme l’effet gourou (1) et de l’attraction généré par la figure d’autorité (2).

 À titre d'exemple, les vidéos qui pullulent sur Internet, qui sont symptomatiques des croyances humaines sur la solution miracle de comment se défendre contre une attaque couteau. Ce genre de vidéo conseils sont extrêmement dangereuses.

 

Pour se défendre contre une attaque au couteau, il est on ne peut plus véridique qu’au niveau anatomique, il existe une multitude de combinaisons possibles. Sauf que ce n’est uniquement réalisable bien au chaud dans une salle de sport et pas dans le monde réel. Rideau, fin du spectacle. Le reste n’est que du « Bullshit » (3).

Les marronniers de la défense contre un couteau

Se défendre contre une attaque au couteau est il de ce fait possible ? La survie est possible, mais surtout pas en croyant pouvoir appliquer ces gestes digne de film hollywoodien, ou ce genre conseils de conseil : « En cas d’attaque au couteau, vous devez rester calme, être prudent et vous défendre si nécessaire. »

 

Les marronniers du couteau :

  • « L'attaque au couteau est couramment utilisée par des personnes expérimentées. » Faux. Cette arme est la plus ancienne qui puisse exister. Elle est utilisée dans une multitude de conflits entre les humains (rixes, différentes familiales, différentes de voisinage, altercation entre automobilistes, vol…) depuis la nuit des temps.

Elle est très souvent portée « pour se protéger » ou pour « se défendre ». In fine, entre les mains de n’importe quel humain, de n’importe quel âge, un couteau est dangereux. Cela, depuis que l’hominidé à inventé la pointe et le tranchant.

  • « Face à un couteau, la meilleure défense est la fuite. » Faux. Car dans une très grande quantité de cas de figure réel (Voir agression au couteau en France : approche statistique), la fuite est totalement impossible (rixe, espace confiné, embuscade…). Faux. La meilleure défense est l’évitement. Pour fuir quelque chose, il doit être présent. Mais pour éviter quelque chose, il n'est pas encore là.

Il peut donc être évité d'une manière ou d'une autre. Dans la fuite, nous supprimons la circonstance aversive en cours en se comportant d'une manière spécifiée. Dans le conditionnement d'évitement, le déclenchement de la circonstance aversive peut être empêché ou reporté par le sujet en se comportant d'une manière spécifiée.

  • « Apprendre des techniques de self-défense qui nécessite de réaliser deux gestes « simples » mais différents, simultanément. » Faux. En situation de survie, un certain nombre de mécanismes instinctifs se mettent en place dans notre cerveau et permettent de consacrer plus d’attention aux sources de stimulation les plus probables. Mais les performances peuvent diminuer lorsque des stimuli inattendus se présentent. Le rétrécissement perceptif et l’effet tunnel agissent sur tous les sens. L'un des effets secondaires courants est une forme de vision déformée.

Il s’agit de « la perte de vision périphérique avec rétention de la vision centrale, résultant en une vision circonscrite et circulaire du champ de vision... » (4). Sans intégrer la peur et le stress, lorsque nos deux mains veulent effectuer des mouvements à structure temporelle différente, l’une de l’autre, un certain nombre de mécanismes impondérable de notre cerveau se mettent en place. Le rôle des structures temporelles des deux mains :

  • les mouvements symétriques ou simultanés sont faciles à faire avec les deux mains ;
  • même si l’on fait varier l’amplitude, tant que la structure temporelle reste la même entre les deux mains, il y a peu d’interférence ;
  • par contre si l’on pense à un rythme et que l’on produit un autre, il y aura des interférences. (5)

En résumé : les mouvements à deux mains sont donc extrêmement difficiles à réaliser si les structures temporelles sont différentes pour les deux membres ; notre cerveau semble préférer les mouvements à deux mains qui ont la même organisation temporelle et qui sont simples à exécuter ; si la structure temporelle est la même pour les deux mains, on peut réaliser des amplitudes différentes avec une relative facilité ; des interférences se produisent nettement si l’exécutant du geste pense à un rythme tout en produisant un autre. (6)

  • « Apprendre à désarmer un agresseur au couteau est réalisable pour tout un chacun. » Faux. Les effets du stress et de l’étouffement sous pression sur les performances habiles empêcheront de réaliser ce genre de gestes. L'étouffement sous pression est défini comme une diminution des performances dans des circonstances qui augmentent l'importance de performances bonnes ou améliorées.

Un modèle d'étouffement sur les tâches de coordination et d'habileté à été proposé, soutenant que la pression augmente l'attention consciente au processus de performance du pratiquant et que cette attention consciente accrue perturbe la nature automatique ou sur-apprise de l'exécution. Trois études ont montré qu'une attention accrue à son propre processus de performance entraînait une diminution des performances.

Le stress favorise la réitération d’une réponse afin de se défendre ?

Trois autres études ont démontré des diminutions similaires produites par des manipulations situationnelles de la pression (7). Dans de nombreuses recherches antérieures, il a également été démontré à plusieurs reprises que des niveaux de stress plus élevés sont associés à des performances altérées dans les tâches perceptuelles motrices, provenant de pratiquants de plusieurs domaines sportifs (8).

 

De plus, le stress chronique peut favoriser la réitération d’une réponse habituelle tout en favorisant une insensibilité aux nouvelles contingences ciblées (9).

 

Il est donc en partie possible de conclure que le stress encourage le comportement d'habitude chez l'homme. Au vu d’une partie des éléments physiologiques, comportementaux et l’imprévisibilité gestuelles qui caractérise le fait de se défendre contre une attaque au couteau.

 

L’entraînement au désarmement qui nécessite finesse motrice, des angles d’attaques, des combinaisons, une force identique est donc inutile et illusoire.

Se défendre de son cerveau et de son corps

Rester calme pour se défendre lors d’une attaque couteau est totalement illusoire. Effet de surprise, vitesse des gestes, perturbation du champ visuel, peur, tétanisation… Tout se mélange et le cerveau n’aura globalement pas le temps imparti pour laisser le corps s’exprimer comme il le faudrait.

En partant du postulat d’une personne dénué de tout entraînement spécifique à la survie face à une attaque au couteau : à la vue du couteau, les réactions, gestes, mouvements du corps ne sont plus guider dans un premier temps que par le cerveau reptilien, le plus réactif, qui lancera les mécanismes de survie. Il va produire de l’adrénaline et du cortisol, avec toutes les conséquences physiologiques et physiques sur ces fameuses pseudo-techniques de self-défense.

 

De plus le cerveau reptilien déforme la réalité en produisant jusqu’à 70 % de pensées inappropriées par rapport à la situation. C’est son rôle. Il a pour fonction de produire des conclusions sans preuve, de se concentrer sur un détail (le couteau), sans prendre en compte l’ensemble des informations et qui pourrait contenir des éléments favorables (possibilité de fuir).

 

Son rôle est la survie et nous pousse forcément à voir les choses de manière négative. Dans les millièmes de secondes qui vont suivre, l'amygdale (10) et ses alliés vont prendre le relais. Notre cerveau est câblé de la sorte et il ne va pas nous demander notre avis avant de prendre des décisions corporelles.

Les effets du stress

Le stress est classiquement défini comme « la réponse non-spécifique du corps à toute demande de changement », une fonction homéostatique (tendance de l'organisme à maintenir ou à ramener les différentes constantes physiologiques) adaptative (11).

Exprimez à quiconque que vous êtes stressé et vous recevrez vraisemblablement une certaine compassion. Sauf qu’en tant, que construction, le stress est amorphe, facilement identifiable mais difficile à définir, sa nature variant selon les personnes et les circonstances. De la même manière, le terme nébuleux peut être impliqué dans les choix de vie quotidiens, grands et petits, si souvent effectués dans des conditions stressantes.

 

Il n'est donc pas surprenant que l'exploration de la relation entre les deux pose un casse-tête méthodologique, particulièrement épineux. Malgré un certain manque de cohérence, compte tenu d'un large éventail de différences méthodologiques entre les études, la littérature sur le stress humain et la prise de décision a fait de grands progrès au cours des dernières années. Il est possible d’en tirer un certain de nombres d’éléments :

  • le stress peut nuire à l'évaluation des informations sur les récompenses essentielles à la prise de décision ;
  • le stress influence le passage de la prise de décision axée sur les objectifs à la prise de décisions basée sur les habitudes ;
  • l'impact du stress sur le traitement des décisions peut différer selon le sexe (12) ;
  • l’âge interagit sur les effets du stress sur le corps et les prises de décisions (13).

Le mensonge des solutions magiques

Sachant cela, comment est il possible de laisser croire aux internautes qui cherchent des réponses sur comment se défendre face une attaque au couteau, qu’il est possible de réaliser ces mouvements dans la rue ?


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Sources

 

(1) L’effet gourou. http://www.dan.sperber.fr/wp-content/uploads/2009/10/EffetGourou.pdf
(2) Figure d'autorité (sociologie). https://fr.wikipedia.org/wiki/Figure_d%27autorit%C3%A9_(sociologie)
Figures d’autorité. Approches théorique, épistémologique, empirique. https://journals.openedition.org/trajectoires/1488
(3) "peut se définir comme une sorte d'indifférence à l'égard de la vérité, qui est distincte du mensonge". Conceptualisé par le philosophe Harry Frankfurt
(4) Vision du tunnel. https://fr.wikipedia.org/wiki/Vision_du_tunnel
(5) Apprentissage moteur et performance. (Richard A. Schmidt). Jean-Philippe Hess – 2002
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01735371/document
(6) Gamma-V experiment (Konzem, 1987). https://books.google.fr/books?id=Ejc27Wrg5rMC&pg=PA53&lpg=PA53&dq=Gamma-V+experiment+(Konzem,+1987)&source=bl&ots=IIbCymuZKS&sig=ACfU3U1k8C65usmZNcMglQDhMhVEd2MBFA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwis1NCJ-PXmAhWy4IUKHcmBD1kQ6AEwAXoECAoQAQ#v=onepage&q&f=false
(7) Choking under pressure: self-consciousness and paradoxical effects of incentives on skillful performance. Baumeister RF. J Pers Soc Psychol. 1984 Mars. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/6707866
(8) Behan & Wilson, 2008 ; Beilock & Carr, 2001 ; Gray, 2011. , 2004 ; Gucciardi & Dimmock, 2008 ; Mullen & Hardy, 2000 ; Mullen & coll., 2005 ; Nieuwenhuys & Oudejans, 2011 ; Nieuwenhuys & coll., 2008 ; Vickers & Williams, 2007 ; Wilson & coll., 2009
(9) Schwabe L, Wolf OT. Socially evaluated cold pressor stress after instrumental learning favors habits over goal-directed action. Psychoneuroendocrinology. 2010
(10) L'amygdale et ses alliés. https://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_04/d_04_cr/d_04_cr_peu/d_04_cr_peu.html
(11) Selye H. A syndrome produced by diverse nocuous agents. Nature. 1936
(12) Lighthall NR, Sakaki M, Vasunilashorn S, Nga L, Somayajula S, Chen EY, et al. Gender differences in reward-related decision processing under stress. Soc Cogn Affect Neurosci. 2011
(13) Lupien SJ, McEwen BS, Gunnar MR, Heim C. Effects of stressthroughout the lifespan on the brain, behaviour and cognition. Nat Rev Neurosci. 2009. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19401723