
Quelle évolution pour la légitime défense serait-il possible d'envisager en France ? Cela ne semble pas être au goût du jour. Nombre d’amendements ou de propositions de loi proposant des pistes de réflexion intéressante, qui n’incite pas l’abus, sont ignoré, mis à la corbeille ou déclaré irrecevable depuis plus de vingt ans (1). Avec rigueur dans « le temps long » et avec la toute-puissance du pouvoir juridictionnelle (judiciaire), les institutions congédient systématiquement toutes évolution de député ou d'association qui souhaiterait apporter quelconque modification que ce soit, à la lettre, prêt, au texte de la légitime défense. Ce sujet semble être totalement tabou, sacré et incontestablement gravé dans le marbre. Les institutions paraissent être effrayés, réticentes, voir traumatisés par toute évolution. D’où pourrait venir cette crispation chronique ?
Pour les générations web 3.0 ultra-conditionné (2) par la tyrannie de la vitesse (3), victimes de l’addiction (4) à des formats de 10 secondes maximal. Et ayant perdu cette capacité à chercher de « longues » explications de leur propre histoire dans les livres. Il est un temps soit peu indispensable de d’abord revenir brièvement sur le passé de la légitime défense en France. Afin de réellement comprendre ses origines, ses potentielles dérives et sûrement les racines de cette crainte, l’idéal est de se plonger dans le superbe travail de Vanessa Codaccioni, maîtresse de conférences HDR au département de science politique de l’université Paris VIII. (5)
La légitime défense, son évolution hier et aujourd'hui
Sans aucune prétention juridique, théorique ou doctrinale, il est tout d’abord primordiale de définir la fonction de la légitime défense. Succinctement, la fonction première de celle-ci est juridique. Il s’agirait pour une personne agressée physiquement de pouvoir protéger sa vie (ou celle d'autrui) si elle est menacée et d’être reconnue par la justice comme ayant agi « en état de légitime défense ». Par la légitime défense, la violence défensive n’est ainsi pas condamnable et punissable. Sauf que lors de l’observation des utilisations contemporaines, il s’avère constatable qu’en réalité, la légitime défense est majoritairement utilisée à des fins sécuritaires (5).
Faire évoluer la légitime défense : sujet hautement inflammable
Une des principales explications de la frilosité même à débattre de manière apaisée se décèle dans le fait que la légitime défense est une fonction politique. Historiquement, force est de constater qu’à partir du moment ou le sujet devient « trop » politisé, la vigilance doit s’imposer. Car par déviance politique et incitation nocive, notre histoire aura démontré que ce dispositif est potentiellement porteur de dérives très graves pour le citoyen et la société...
Lire la suite : Quelle évolution pour la légitime défense ?